FRANCE
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Procès pour apologie du terrorisme, 8 mois de prison avec sursis requis contre François Burgat
Le politologue François Burgat, s’est présenté jeudi à son procès au Tribunal d’Aix-En-Provence pour s’expliquer sur plusieurs tweets publiés sur son compte X en 2024 et pour lesquels il est accusé d’apologie du terrorisme.
Procès pour apologie du terrorisme, 8 mois de prison avec sursis requis contre François Burgat
François Burgat / TRT Français
il y a 20 heures

“Il y a très longtemps que je pratique les instances juridiques, mais c’est ma première fois sur le banc des accusés.” C’est sur ces mots de François Burgat, 77 ans, que le procès s’est ouvert devant le tribunal judiciaire d’Aix-En-Provence. Étaient également présents les avocats représentant la LICRA et l’Organisation Juive Européenne (OJE) qui est à l’origine de la plainte qui a conduit à ce procès.

Sa posture est droite. Les bras croisés, François Burgat passe régulièrement son regard de la présidente du tribunal aux parties civiles. Il reste calme, mais pendant plus de trois heures, l’ancien directeur de l'Institut français du Proche Orient et ancien chercheur à l’IREMAM ( Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman) a répondu avec vigueur aux questions qui lui ont été posées sur des tweets qu’il a postés en janvier et décembre 2024.

 

Un procès “contre la liberté” ?

L’affaire débute il y a un an, lorsque François Burgat reposte sur son compte X un communiqué des leaders du Hamas démentant les accusations de viols sur les otages du 7 octobre 2023. Trois autres tweets, en lien avec la guerre à Gaza menée par Israël et l’assassinat de Samuel Paty, sont ensuite ajoutés à la plainte de l’OJE. 

La salle d’audience est pleine à craquer, beaucoup sont venus soutenir le politologue et islamologue. Un témoin est appelé à la barre, Rony Brauman, ancien président de Médecins Sans Frontières France. L’homme, qui n’a pas de lien avec l’accusé, a apporté de la nuance à ce procès grâce à son expérience. “L’apologie du terrorisme est utilisée aujourd’hui pour faire taire, alors que nous assistons à une guerre génocidaire,” a-t-il dit à la barre.

Pour certains, ce procès est une atteinte à la liberté d’expression. “On ne comprend pas qu’il soit poursuivi maintenant, avec tout ce qu’il se passe. C’est un procès contre la liberté”, s’indigne Mohammed Gad, chercheur venu soutenir son ancien professeur. C’est d’ailleurs une question qui va revenir tout le long du procès. 

 

Entre liberté d’expression et apologie du terrorisme

Malgré les avis contrastés et les débats houleux, la présidente du Tribunal le rappelle : “nous sommes, dans cette affaire, à la frontière entre la liberté d’expression et l’apologie du terrorisme, c’est sur ça que le tribunal doit trancher. Nous cherchons à savoir si les propos tenus par Monsieur Burgat font partie de son travail de recherche, ou sont un simple jugement de valeur”.

L’accusé a reconnu tous les propos qu’il a tenus sur X. “Je ne suis pas ici pour vous convaincre que j’ai raison, je suis ici pour vous convaincre que j’ai le droit de porter cette argumentation sur la place publique”, déclare-t-il lors d’une prise de parole face aux juges. 

Le politologue a affirmé qu'il n'avait jamais "félicité le Hamas pour le 7 Octobre", mais qu'il faisait "plus confiance à sa version", compte tenu de la "situation actuelle".

Les explications du chercheur n’ont pas convaincu le procureur du tribunal. Ce dernier, resté silencieux pendant presque quatre heures, a pris la parole pour ses réquisitions en début de soirée pour rappeler que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par l’Union européenne avant d’énoncer la peine qu’il souhaite voir appliquer à François Burgat. “La liberté peut exister seulement si elle n'empiète pas sur la fraternité et l’égalité, je requiers contre Monsieur Burgat une peine de huit mois d’emprisonnement assorti d’un sursis, de 4000 euros d’amende et d’une suspension de six mois de son compte X.”

Plusieurs personnes s’attendent déjà à un verdict en défaveur de l’islamologue et s’en désolent. “Les plaidoiries sont horribles, j’ai dû sortir de la salle parce que j’avais envie de vomir”, déclare un homme venu assister à l’audience.

Le verdict des délibérations ne sera connu que le 28 mai prochain, pourtant, François Burgat sait déjà qu’il n’en a pas fini de ce procès. “J’aimerais me débarrasser de ça, car je suis à la fin de ma vie et j'aimerais bien m’occuper  de mes oignons et de mes poireaux, mais je crains que nous devions aller en appel, je ne suis pas très tourné vers ce verdict car j’ai toute les raisons de penser qu’il n’est qu’une étape.”

SOURCE:TRT Français
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