Depuis que Trump a pris les rênes de la Maison Blanche le 20 janvier dernier, les lignes semblent bouger dans le conflit opposant le gouvernement de RDC aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, selon l’ONU.
Alors que jusqu’ici Kinshasa refusait tout dialogue direct avec les insurgés qu’il considère comme “pantins du Rwanda”, les deux parties ont publié hier une déclaration conjointe dans laquelle ils disent “vouloir œuvrer à la conclusion d’une trêve”.
“Après des discussions franches et constructives, les représentants de la RDC et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23 ont convenu de travailler pour œuvrer à la conclusion d’une trêve”, ont annoncé le M23 et le gouvernement de la RDC dans un communiqué conjoint.
Le texte précise également que les deux parties conviennent du respect des engagements en vue d’ouvrir la voie à un dialogue constructif pour rétablir la paix en République Démocratique du Congo et dans la région.
Le Qatar qui a pris l’initiative de la médiation dans la crise en avril dernier marque un point, alors que les diverses médiations africaines se sont soldées par des échecs.
La RDC est au centre des convoitises internationales pour ses importantes ressources en minéraux critiques, à l'heure de la transition climatique et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Visiblement, les Américains veulent avoir le contrôle de cette région stratégique et pèsent de tout leur poids pour lever tous les obstacles à l'exploitation des minerais.
Washington imprime le rythme
En février dernier, le Trésor américain a imposé des sanctions à James Kabarebe, ministre d'État rwandais chargé de l'Intégration régionale, en raison de "son rôle central dans le soutien du Rwanda au M23". Il a également sanctionné Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23 et de l’AFC, ainsi que deux entreprises qu'il contrôle, Kingston Fresh et Kingston Holding.
Quelque jours après, l’UE a emboîté le pas aux Etats-Unis, sanctionnant notamment neuf responsables du mouvement rebelle M23 et des officiers de l'armée rwandaise, pour leur implication dans le conflit en République démocratique du Congo.
C’est du reste par la RDC et les grands lacs que l'envoyé spécial de Donald Trump pour l’Afrique a inauguré sa première tournée africaine. Du 2 au 9 avril, Massad Boulos a sillonné tour à tour le République démocratique du Congo, le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda.
Aussitôt rentré à Washington, les États-Unis se sont prononcés pour la première fois en faveur du retrait des troupes du M23 de l’est de la RDC.
“Je réitère également notre position : le Rwanda doit cesser tout soutien militaire au M23 et retirer toutes les troupes rwandaises du territoire congolais. Je suis convaincu que les parties concernées trouveront rapidement un moyen d'y parvenir”, a déclaré, vendredi, l’envoyé américain, au cours d’une conférence de presse en ligne au Centre des médias régionaux pour l’Afrique.
Dans la foulée, selon les informations de Reuters, Erik Prince, fondateur de la société de sécurité Blackpower et éminent partisan de Trump, a accepté d'aider la République démocratique du Congo à sécuriser et à taxer ses vastes richesses minières.
“La prospérité économique ne sera pas possible sans sécurité. Nous réaffirmons qu'il n'existe pas de solution militaire à la crise dans l'est de la RDC”, a renchéri Tammy Brice, porte-parole du département d’Etat lors d’un point de presse, mardi.
Sur le terrain, le M23 a annoncé son retrait de la localité de Walikane, renonçant de facto à son ambition affichée de conquérir Kinshasa.
Le plus dur commence : le respect de la trêve, l’instauration du cessez-le-feu et le retrait des “troupes rwandaises du Congo”, selon le souhait de Washington.
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