La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a déclaré ce mercredi que la France sollicitait une "grâce humanitaire" en faveur de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien condamné à cinq ans de prison ferme.
Par voie d’une intervention dans La Grande interview sur Europe 1 et CNews, elle a affirmé que "la France utilise les moyens diplomatiques pour demander au président Tebboune une grâce humanitaire", estimant que cette demande "est une question humanitaire qui devrait dépasser toutes les considérations politiques".
"Le président souhaite que le lien avec l’Algérie ne soit pas rompu, même si ce lien est fragile", a-t-elle encore ajouté, soulignant que l’exécutif français suivait cette affaire "dans le calme, avec une forme de riposte graduée, mais en responsabilité".
Cet appel de l’exécutif intervient moins de 24 heures après la condamnation de Boualem Sansal, âgé de 79 ans, par la cour d’appel d’Alger à cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars algériens (environ 3 600 euros).
Par voie de communiqué, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères avait déjà dénoncé mardi une décision "injustifiée", et "incompréhensible", appelant à une solution "rapide, humanitaire et digne".
L’auteur franco-algérien a été reconnu coupable, notamment, d’"atteinte à l’unité nationale", pour avoir affirmé dans une interview que l’Algérie avait hérité de territoires marocains pendant la colonisation française.
Cette affaire judiciaire survient dans un climat de relations bilatérales particulièrement tendues entre Paris et Alger.
Depuis l’été 2024, les différends se sont multipliés, notamment après la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur et annulé une visite officielle du Président Abdelmadjid Tebboune à Paris.
Les tensions se sont ensuite accentuées autour des questions migratoires, la France cherchant à expulser des ressortissants algériens en situation irrégulière, une politique vivement critiquée par Alger.
En avril dernier, un échange de mesures de rétorsion diplomatique est venu matérialiser la rupture progressive du dialogue.