MOYEN-ORIENT
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Israël-Iran: Trump va-t-il s’impliquer dans le conflit?
La question est posée ce mercredi après six jours d’attaques israéliennes sur l’Iran. Le président américain a demandé, dans un message publié sur son réseau social, une “capitulation sans condition” des Iraniens.
Israël-Iran: Trump va-t-il s’impliquer dans le conflit?
Depuis l'attaque israélienne il y a 6 jours, les deux pays échangent des salves de missiles / Reuters
18 juin 2025

Une source anonyme du Département d’Etat a confirmé mardi à TRT World que les Etats-Unis discutaient la possiblité de bombarder des sites nucléaires américains. ​​

Donald Trump a semé le doute lors de son passage express à la réunion du G7 au Canada. Il a lancé plusieurs messages menaçant sur son réseau social, indiquant que les Américains contrôlaient la totalité du ciel iranien, ajoutant ensuite: "nous savons exactement où se cache le prétendu chef suprême. C'est une cible facile, mais il est en sécurité là-bas. Nous n'allons pas l'éliminer (le tuer !), du moins pas pour l'instant. Nous ne voulons pas que des missiles soient tirés sur des civils ou des soldats américains. Notre patience a des limites. Merci de l'attention que vous portez à cette question !", a déclaré Trump dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Il a ajouté dans un autre message : "Capitulation non conditionnelle !"

Le département d’Etat a également publié un avis recommandant aux ressortissants américains de ne pas voyager vers le Moyen-Orient.

Enfin, ces menaces sont accompagnées de préparatifs militaires du côté de l’armée américaine. Un responsable de la défense a déclaré lundi à Anadolu que Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense, avait ordonné au groupe d'attaque naval Nimitz de se rendre dans la zone de responsabilité du CENTCOM afin de maintenir "notre position défensive et de protéger le personnel américain".

Le sénateur Lindsey Graham de Caroline du Sud, un faucon de longue date, a laissé entendre à la presse que Donald Trump envisageait une intervention et voulait aider Israël à finir le job. “Il est de notre intérêt comme celui d’Israël,  de voir ce programme détruit, et s’il faut aider Israël pour cela, il faut le faire.”

Le Congrès essaie de stopper Trump

Un groupe bipartite composé de plusieurs dizaines de législateurs tente de bloquer toute action unilatérale du président.

Ils ont présenté une nouvelle résolution sur les pouvoirs de guerre visant à exiger l'approbation du Congrès avant que les États-Unis puissent entrer en conflit.

“Les Américains ne veulent pas d'une nouvelle guerre sans fin”, a déclaré le sénateur Tim Kaine qui fait partie des promoteurs de cette résolution. 

Les sénateurs Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Chris Murphy et Rand Paul font partie des personnalités qui se sont prononcées contre la perspective d'une participation des États-Unis à la guerre contre l'Iran.

“La Constitution est très claire”, a déclaré Sanders. “C'est le Congrès qui décide si nous entrons en guerre, pas le président. Trump ne doit pas prendre de mesures militaires illégales contre l'Iran.”

L'opposition vient également de la propre base politique de Trump. Des figures clés du mouvement America First, aligné sur MAGA, notamment Tucker Carlson, Charlie Kirk, Steve Bannon et la représentante Marjorie Taylor Greene, ont mis en garde contre l'implication des États-Unis. “Ne pas s'engager dans une autre guerre à l'étranger”, a lancé Greene, une fervente partisane de Trump. 



“Les guerres étrangères, les interventions et les changements de régime relèguent l'Amérique au second plan, tuent des innocents, nous ruinent et mèneront finalement à notre destruction. “

Un récent sondage Economist/YouGov réalisé du 15 au 17 juin souligne les risques politiques de cette éventualité. Seuls 16 % des Américains soutiennent l'implication des États-Unis dans le conflit israélo-iranien.

Une nette majorité (60 %) s'y oppose. Même parmi les républicains, seuls 23 % soutiennent une intervention.

Beaucoup plus d'Américains estiment que les États-Unis devraient engager des négociations avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire (56 %).

Une proportion similaire de démocrates (58 %) et de républicains (61 %) estime que les États-Unis devraient engager des négociations.

Trump pris entre deux camps

Trump est pris entre deux camps : les conservateurs isolationnistes qui l'ont aidé à revenir au pouvoir et les faucons pro-israéliens, notamment les sénateurs Lindsey Graham et Ted Cruz, ainsi que d'importants donateurs, qui font pression pour que les États-Unis interviennent contre les sites nucléaires iraniens, en particulier celui de Fordow.

Des personnalités influentes de la droite telles que Tucker Carlson, Steve Bannon et Marjorie Taylor Greene ont clairement indiqué qu'elles s'opposaient à une intervention militaire américaine, arguant que cela trahirait le programme ”America First”.

Selon CNN, qui cite des hauts responsables américains, Trump serait favorable à l'utilisation des ressources militaires américaines pour frapper les installations nucléaires iraniennes et serait réticent à l'idée d'une solution diplomatique pour mettre fin à l'escalade du conflit entre Téhéran et Israël.

Le Pentagone a toutefois évité jusqu'à présent toute action militaire directe.

Mais la posture des États-Unis dans la région a changé : davantage de systèmes de défense antimissile ont été déployés, des moyens navals ont été repositionnés dans le Golfe et le partage de renseignements avec Israël a été élargi.

Les attaques unilatérales d'Israël, baptisées « Rising Lion », ont visé des installations nucléaires iraniennes à Ispahan et Natanz, ainsi que des civils, ce qui a incité Téhéran à riposter par des attaques de missiles balistiques.

L'escalade régionale a renforcé les craintes à Washington qu'un conflit plus large ne soit imminent.

Jusqu'à présent, l'Iran n'a pas attaqué directement les ressources américaines mais les responsables du Pentagone ont d’ores et déjà averti que si des ressortissants américains étaient tués, la riposte serait immédiate.

En parallèle, alors que les efforts diplomatiques se poursuivent, les pourparlers officieux menés par l'intermédiaire d'Oman et du Qatar sont au point mort. Les appels à la retenue lancés par l'Europe n'ont jusqu'à présent eu aucun effet.

Pour l'instant, Trump garde ses cartes près de sa poitrine.

“Il ne veut pas d'une guerre sans fin”, a déclaré un stratège basé à Washington et proche des rouages de la Maison Blanche. “Mais il ne veut pas non plus être celui qui laissera l'Iran se doter de l'arme nucléaire.”

SOURCE:TRT français et agences
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