FRANCE
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La France dans l’océan Indien, une présence fragilisée
Emmanuel Macron a demandé ce jeudi à la Commission de l’océan Indien d’intégrer le département de Mayotte dans la COI. Par sa présence, le chef de l’Etat marque l'intérêt de la France pour cette région du monde, une présence fragilisée.
La France dans l’océan Indien, une présence fragilisée
Le président malgache Andry Rajoelina accueille les participants au sommet de la Commission de l'océan indien (COI) à Antananarive / AFP
24 avril 2025

Emmanuel Macron a demandé ce jeudi l’intégration de Mayotte dans la CIO. Il a suggéré toutefois d'avancer de manière pragmatique, "sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel”, le chef de l’Etat connaît bien l’opposition des Comores. 

Moroni considère en effet Mayotte comme faisant partie de son territoire, et n’a jamais reconnu le choix par référendum en 1974 des Mahorais de rester dans le giron de la France. Les Comores pourraient donc bien à nouveau bloquer la demande puisque les décisions de la COI se font à l’unanimité.

"La France est le premier bailleur de la COI", a souligné jeudi Emmanuel Macron, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.


TRT Global - Outre-mer: Emmanuel Macron est à la Réunion

Après Mayotte, hier, le président français Emmanuel Macron continue sa tournée dans l'océan Indien. Il est ce mardi à la Réunion. L’île connaît une épidémie de chikungunya et, fin février, le cyclone Garance a occasionné des dégâts importants.

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La France, puissance maritime

Au-delà de l’entrée de Mayotte dans la Commission de l’océan Indien, la présence d’Emmanuel Macron au sommet de cette année est un signe fort. Cette organisation existe depuis 1984 et ne compte que cinq membres : Madagascar, Maurice, les Seychelles, l'Union des Comores et la France, au titre de La Réunion.

Le voyage du président dans l’océan Indien dure 5 jours, c’est aussi un signe de l’importance que porte le chef d’Etat à cette région. Mayotte dévastée par un cyclone en décembre vaut bien un voyage. Emmanuel Macron s’est également rendu à la Réunion où l’épidémie de Chikungunya est à son pic.

Mais au-delà des déboires des départements français de la région, la France entend conforter sa présence dans cette région. Paris contrôle les îles éparses qui lui donnent une position stratégique dans le canal du Mozambique. Elle compte une base militaire à la Réunion et à Mayotte mais Paris souhaite aller plus loin.

Il a été question d’une seconde base navale à Mayotte. Les élus mahorais soutiennent l’idée comme Estelle Youssouffa, député LIOT ( Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Lorsque les Comores ont dénoncé cette idée, elle a écrit:  “Voilà la preuve (...) des intentions hostiles et expansionnistes des Comores sur Mayotte avec encore une fois leurs ingérences dans nos affaires nationales et la contestation de notre souveraineté française. En ces temps de grand danger et d'instabilité internationale, nous devons nous battre pour notre sécurité, rester plus vigilants que jamais.” 

Paris a depuis choisi de rétropédaler, “stratégie carpette devant les Comores” a écrit la députée connue pour son franc-parler. “Stratégie d’apaisement” pourrait répondre Paris qui ne veut pas braquer les uns et les autres dans un moment où l’Elysée avance ses pions. 

La présence française critiquée dans l’océan Indien

Emmanuel Macron prône une meilleure coopération régionale, une coopération des départements français avec leurs voisins mais Paris fait face à des demandes de rétrocession. Les Comores revendiquent Mayotte et Madagascar revendique l’île de Tromelin (qui fait partie des îles éparses). 

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a choisi la “calinothérapie”, il annoncé la création d’une commission d’historiens sur la question mémorielle à Madagascar, l’île demande notamment la restitution de plusieurs crânes de chefs et rois malgaches.


Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué durant cette visite. Des descendants du roi s’opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. 

Les chefs d'État français et malgaches ont également annoncé l’entrée de la compagnie publique de l’électricité EDF dans le capital d’un projet de barrage dont le coût avoisine les 500 millions d’euros.

 Si la présence de la France n’est pas violemment contestée pour l’instant, Madagascar et les Comores se tournent clairement vers de nouveaux partenaires qui veulent eux-aussi étendre leur présence dans cette région clé du monde. La Russie va par exemple ouvrir une ambassade à Moroni aux Comores. 

La Chine, nouvelle puissance de l’océan Indien ?

Moscou a aussi obtenu en février 2025 l'installation d’une base navale au Soudan ce qui lui donne un accès à la Mer Rouge, cette base doit servir à doper son influence dans l’Océan indien. 

Pour y parvenir, elle a un allié, les Comores, et Moscou soutient Moroni en reprenant ses revendications à son compte. En mars, quand Paris annonce un projet de base navale à Mayotte,  la diplomatie russe dénonce la “militarisation” de Mayotte et “accuse” Paris de contrôler illégalement cet archipel.

La Chine est l’autre puissance à avancer ses pions dans l’océan indien, elle est présente dans dix ports, elle organise depuis 2022 la conférence Chine – océan Indien. 

L’économie chinoise repose essentiellement sur les routes maritimes de l’océan Indien. On comprend donc la stratégie du “collier de perles” de la Chine qui s’implante dans toute la région, et même à Djibouti, pourtant lieu de la plus importante base militaire française en Afrique. 

Pékin a d’abord mis un pied dans le port de Djibouti, le contrôlant, et depuis 2017, elle y a établi une base militaire.

SOURCE:TRT français et agences
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