FRANCE
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Dette publique: Bayrou tire la sonnette d’alarme mais reste évasif sur les solutions
Le Premier ministre français a dressé mardi 15 avril un constat alarmant sur l’état des finances publiques françaises. Sans proposer de mesures concrètes à ce stade, il promet des orientations d’ici l’été, tout en excluant une hausse d’impôt.
Dette publique: Bayrou tire la sonnette d’alarme mais reste évasif sur les solutions
Le Premier ministre a exposé les fragilités structurelles de l’économie française, pointant notamment un taux d’emploi insuffisant chez les jeunes et les seniors, et une production trop faible par rapport à ses voisins. / Reuters
16 avril 2025

Parler vrai pour "confronter les Français à la réalité". C’est ainsi que François Bayrou a voulu justifier le "diagnostic sévère qu’il a livré mardi sur la situation économique du pays.

À l’issue d’une réunion baptisée “Comité d’alerte du budget”, le chef du gouvernement a alerté sur le "piège dangereux, potentiellement irréversible" que représente la dette publique française, désormais attendue à 3 305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113 % du PIB.

"Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée", a-t-il prévenu.

Le Premier ministre a exposé les fragilités structurelles de l’économie française, pointant notamment un taux d’emploi insuffisant chez les jeunes et les seniors, et une production trop faible par rapport à ses voisins.

Résultat: un pays qui consomme plus qu’il ne crée de richesses, et qui peine à financer ses priorités, malgré une pression fiscale record.

François Bayrou a ainsi rappelé que la France est en tête mondiale des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires, tout en estimant que "l’action publique ne fonctionne pas comme elle le devrait".

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Une réalité confirmée par les chiffres

Les affirmations de François Bayrou sur les dépenses publiques sont corroborées par les données officielles. Selon l’Insee, la France a consacré 57 % de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses publiques en 2023, se plaçant devant tous les pays de l’Union européenne.

À l’échelle mondiale, les chiffres de l’OCDE confirment cette position de leader : parmi les 38 pays membres de l’organisation, aucun n’approche le niveau français, loin devant des pays comme les États-Unis ou le Japon, qui y consacrent environ 40 % de leur PIB.

Même constat pour les prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations sociales), qui représentaient 44 % du PIB français l’an dernier. La France se situe encore en tête, juste devant le Danemark et l’Italie. À titre de comparaison, le Mexique se trouve en bas du classement, avec un taux inférieur à 20 %.

Mais le diagnostic de François Bayrou sur l’inefficacité perçue des services publics est plus contestable. 

En effet, selon le baromètre annuel de l’Institut Paul Delouvrier, 77 % des Français se disent satisfaits de l’un des services publics qu’ils ont utilisés, un chiffre stable depuis plusieurs années. Les secteurs de la police et de la gendarmerie bénéficient notamment d’un bon niveau de satisfaction.

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Cependant, certains domaines concentrent davantage de critiques. La justice et l’Éducation nationale apparaissent comme les points noirs du service public : seuls 35 % des usagers se déclarent satisfaits de la justice, et 40 % de l’enseignement.

Sur le plan des solutions, le chef du gouvernement s’est montré discret. Aucune annonce chiffrée n’a été faite, si ce n’est une promesse de "grandes orientations" budgétaires avant le 14 juillet, et un effort de 3 milliards d’euros supplémentaires pour la Défense en 2026, dans le contexte géopolitique lié à la guerre en Ukraine.

Certaines pistes de réduction sont avancées, comme une lutte renforcée contre les arrêts maladie jugés excessifs, mais aucune réforme structurelle n’a été détaillée. François Bayrou a en revanche écarté fermement toute hausse des impôts ou des charges pesant sur les entreprises, au nom de la compétitivité.

Cette prise de parole a suscité des réactions contrastées dans l’opposition comme dans les milieux sociaux. Marine Le Pen (Rassemblement national) a dénoncé une conférence de presse "pas à la hauteur de la gravité de la crise" et promis de s’opposer à toute "mesure contre les Français". 

La gauche, de son côté, plaide pour une contribution accrue des plus riches et une remise en cause de certaines exonérations fiscales accordées aux entreprises.

Le président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée, Éric Coquerel, présent à la réunion, a eu "l’impression d’être figurant d’une opération de communication". 

Même ton du côté de la CGT : Sophie Binet a dénoncé "l’absence totale de réponse" à ses questions, tandis que Marylise Léon (CFDT) a fustigé "une vision purement comptable du budget", estimant qu’on "ne fait pas de politique économique avec un tableur Excel".

En tout cas, le message de François Bayrou vise à préparer les esprits à des décisions budgétaires difficiles dans les mois à venir. 

Entre dette publique croissante, pression fiscale élevée et exigence d’efficacité, l’exécutif est confronté à un dilemme sensible entre réduire la dépense publique sans dégrader la qualité des services essentiels auxquels les Français restent globalement attachés.


SOURCE:TRT français et agences
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