La rivalité entre le Maroc et l'Algérie déborde le cadre politique et gagne le domaine militaire, confirmant une tendance relevée depuis dix ans, d'après les chiffres du dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Alors que l’on observe une hausse de 3% des dépenses militaires du continent d’une valeur de 52,1 milliards de dollars en 2024 par rapport à 2023, l'étude révèle la place prépondérante de l’Afrique du Nord. À elle seule, cette région a dépensé 30,2 milliards de dollars, soit une hausse de 8,8% par rapport à 2024.
L'Algérie et le Maroc cumulent à eux deux 90 % de ces dépenses, soit 27,18 milliards de dollars. Ce chiffre dépasse la moitié de toutes les dépenses militaires en Afrique en 2024.
Course-poursuite
L'hostilité des deux pays au sujet du Sahara occidental, un territoire que se disputent le Maroc et le Front Polisario soutenu par l'Algérie, alimente cette course frénétique aux armements entre Alger et Rabat.
Au-delà de la rivalité séculaire avec l'Algérie, le média en ligne Tel Quel explique le boom des dépenses militaires du Royaume par “le programme de modernisation de l’arsenal et de massification des effectifs des FAR (Forces armées royales du Maroc, ndlr)”.
Selon le site de référence américain Global Fire basé sur l’index Power Index ou “index de puissance militaire”, l'Algérie est la 26e armée en 2025 dans le monde, la deuxième en Afrique, juste derrière l’Égypte avec un score de 0,359 point, alors que le Maroc est classé 7e armée du continent. Son score est de 1,128 point.
Le classement Global Fire Power se base sur le Power Index dont le score le plus élevé est de 0,0000. C’est dire que la puissance de l'armée étudiée est proportionnelle à la faiblesse de son Power Index.
Selon le site d’information stratégique Sahel Intelligence, “le pouvoir algérien n’hésite pas à employer les grands moyens en faisant des appels d’offres internationaux à neuf chiffres pour l’acquisition d’armements dernier cri. Pétrodollars aidant, la quasi majorité des équipements militaires sont achetés dès leur sortie d’usine”. Avec un seul objectif: conserver son avantage.
Eu égard à la détérioration des rapports diplomatiques entre les deux pays, cette course aux armements risque de prendre encore du temps. L'étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) révèle en effet qu'en 2024, l'Algérie est le troisième pays qui affiche le ratio de dépenses militaires/PIB le plus élevé dans le monde, de 8%, derrière l’Ukraine (34%) et Israël (8,8%).

Pour Mohammed Zakaria Aboudahab, politologue marocain, “au lieu de créer de nouvelles instances, il faudra repenser l’UMA” (l'Union du Maghreb arabe).