TURQUIE
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Arrestation de Rumeysa Ozturk et Mahmoud Khalil : une "honte nationale" selon des élus américains
Des membres du Congrès américain exigent la libération immédiate des deux étudiants, dénonçant une dérive autoritaire de l’État.
Arrestation de Rumeysa Ozturk et Mahmoud Khalil : une "honte nationale" selon des élus américains
La délégation, menée par le représentant Troy Carter (Louisiane), s’est rendue mardi au centre ICE de Jena où Khalil est détenu, puis a roulé deux heures vers le sud jusqu’à Basile pour rencontrer Ozturk. / Reuters
23 avril 2025

Une délégation de députés démocrates s’est rendue en Louisiane pour rencontrer Rumeysa Ozturk et Mahmoud Khalil, toujours détenus dans des centres de l’agence américaine de l’immigration (ICE). 

Ils ont qualifié leur incarcération de “honte nationale” et exigé leur libération immédiate.

Ozturk, une ressortissante turque doctorante à l’université Tufts, et Khalil, résident permanent d’origine palestinienne récemment diplômé de l’université Columbia, ont été arrêtés séparément le mois dernier par des agents fédéraux dans le cadre de la répression croissante menée par l’administration Trump contre les étudiants pro-palestiniens. Aucun des deux n’a été inculpé.

La délégation, menée par le représentant Troy Carter (Louisiane), s’est rendue mardi au centre ICE de Jena où Khalil est détenu, puis a roulé deux heures vers le sud jusqu’à Basile pour rencontrer Ozturk, selon CNN.

Lors d’une conférence de presse après ces rencontres, le sénateur Markey a affirmé que la détention des deux étudiants violait leur droit à la liberté d’expression garanti par le Premier Amendement et leur droit à une procédure équitable, protégé par le Cinquième Amendement.

“L’administration Trump pense avoir le droit d’enfermer des gens dans ce genre d’établissement. C’est une honte nationale”, s’est-il indigné. 

Une dérive autoritaire

Ozturk a été arrêtée en mars après avoir été ciblée par le site pro-israélien Canary Mission, pour avoir co-écrit une tribune appelant l’université Tufts à se désengager d’Israël et à reconnaître le “génocide palestinien”.

“Elle a été enlevée. Arrachée à la communauté soudée et diversifiée de Somerville. Elle se rendait à un repas d’iftar pour rompre le jeûne du Ramadan. Elle avait faim, on lui a refusé de la nourriture. Elle avait soif, on lui a refusé de l’eau. Elle a été malmenée”, a déclaré Ayanna Pressley.

Khalil, résident permanent marié à une citoyenne américaine, a été arrêté pour sa participation à des manifestations pro-palestiniennes à Columbia. Bien qu’aucune charge ne pèse contre lui, sa demande de libération temporaire pour assister à la naissance de son enfant a été refusée.

“Il ne s’agit pas ici d’appliquer la loi — c’est une dérive vers un État autoritaire. Je crains vraiment que cette administration n’installe une nouvelle ère de maccarthysme”, a déploré McGovern.

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Dans le récit le plus détaillé de sa détention à ce jour, Ozturk décrit ce qui s'est passé après que des agents masqués l'ont traînée hors de la rue : des crises d'asthme répétées et et l'enfermement dans des cellules sales et surpeuplées.

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Markey a expliqué que les autorités ont délibérément transféré les deux étudiants en Louisiane, loin de leurs soutiens dans le Massachusetts et à New York, pour les soumettre à la juridiction de la Cour d’appel du cinquième circuit, réputée hostile aux droits des immigrés.

“Ils l’ont envoyée à 2 400 km de Somerville, Massachusetts. Pourquoi ? Parce que c’est la cour d’appel la plus conservatrice du pays. Ils veulent restreindre les droits constitutionnels de Rumeysa Ozturk et Mahmoud Khalil”, s’est il indigné.

Le sénateur a également alerté sur l’état de santé d’Ozturk : “Elle a subi plusieurs crises d’asthme. Elle ne reçoit pas les soins médicaux dont elle a besoin et qu’elle mérite”.

Pressley a ajouté que Khalil, qui a fui la Syrie sous le régime d’Al-Assad, sait ce que représente la répression politique : “Il sait à quoi ressemble un régime autoritaire — c’est cela”

Une naissance manquée

Mahmoud Khalil a manqué la naissance de son fils, l’ICE ayant refusé sa libération temporaire, a déclaré son épouse. Étudiant diplômé à Columbia et figure visible des mobilisations étudiantes contre la guerre à Gaza, Khalil a été arrêté par les services de l’immigration le 8 mars.

Il a été frappé d’un ordre d’expulsion malgré son statut de résident permanent.

Son épouse, de nationalité américaine, a affirmé lundi que l’ICE a délibérément refusé de le libérer pour l’accouchement.


“C’est une décision volontaire de l’ICE de faire souffrir Mahmoud, notre fils et moi. Mon fils et moi ne devrions pas passer ses premiers jours sans Mahmoud. L’ICE et l’administration Trump nous ont volé ces moments précieux dans une tentative de faire taire le soutien de Mahmoud à la liberté palestinienne”, a-t-elle dénoncé.

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Un rapport citant le département d'État a conclu qu'il n'y avait aucune raison de révoquer le visa de Rumeysa Ozturk en se basant sur des propos sans fondement du président américain selon lesquels elle soutiendrait le Hamas.

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Elle a accouché à New York, alors que Khalil avait été transféré en Louisiane, vraisemblablement pour trouver un juge plus favorable à la répression migratoire de Trump.

Les conseillers de Trump ont accusé les manifestants pro-palestiniens de promouvoir l’antisémitisme et le terrorisme, accusations rejetées par les militants.

Le secrétaire d’État Marco Rubio a invoqué une loi de l’ère maccarthyste des années 1950 permettant d’expulser les étrangers considérés comme hostiles à la politique étrangère américaine.

Rubio affirme que les protections constitutionnelles américaines ne s’appliquent pas aux étrangers, et qu’il peut décider seul, sans contrôle judiciaire.

Une répression des étudiants

Les arrestations de Khalil et Ozturk s’inscrivent dans une vague de répression plus large menée par l’administration Trump contre les activistes pro-palestiniens, visant en particulier les étudiants.

Quelques jours après l’arrestation de Khalil, un autre étudiant pro-palestinien, Badar Khan Suri, chercheur indien à Georgetown, a été arrêté. Son avocat affirme que cette arrestation est liée à l’identité palestinienne de son épouse.

Par la suite, les autorités ont poursuivi Momodou Taal, un autre étudiant pro-palestinien, lui demandant de se rendre. Le 25 mars, Yunseo Chung, étudiante à Columbia, a annoncé avoir intenté un procès à l’administration Trump pour empêcher son expulsion à cause de sa participation à une manifestation pro-palestinienne au printemps.

La semaine dernière, Mohsen Mahdwai, activiste et étudiant à Columbia, a été arrêté pendant son entretien de naturalisation.

D’autres étudiants comme Leqaa Kordia, Ranjani Srinivasan et Alireza Doroudi ont été arrêtés ou ont quitté le pays de leur propre initiative.

SOURCE:TRT français et agences
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