FRANCE
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Meurtre d’Hichem Miraoui: l’extrême droite, une menace terroriste désormais reconnue
Le meurtre raciste d’Hichem Miraoui illustre la montée inquiétante du terrorisme d’extrême droite, nourrie par les réseaux sociaux, les discours complotistes et un climat politique de plus en plus tendu en France.
Meurtre d’Hichem Miraoui: l’extrême droite, une menace terroriste désormais reconnue
Le meurtre de Hichem Miraoui a été commis par son voisin Christophe B., 53 ans, qui avait publié peu avant les faits des vidéos à caractère haineux. / Reuters
5 juin 2025

Le meurtre d’Hichem Miraoui, un Tunisien de 46 ans, à Puget-sur-Argens, le 31 mai dernier, marque un tournant dans la lutte contre le terrorisme en France. 

Pour la première fois, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a pris en charge une affaire en tant qu’homicide motivé par une idéologie d'extrême droite.

Le suspect, Christophe B., 53 ans, avait annoncé son passage à l’acte dans des vidéos où il appelait à s’en prendre aux personnes d’origine maghrébine et de confession musulmane.

Ce drame illustre une réalité que les services de renseignement observent depuis plusieurs années : la montée en puissance d’une extrême droite violente, nourrie par les discours haineux diffusés en ligne et structurée autour de thèses complotistes comme celle du “grand remplacement”.

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Radicalisation en ligne

Christophe B. n’était pas connu des services de renseignement. Comme beaucoup de “loups solitaires”, il s’est radicalisé de manière isolée, dans l’ombre,  en s’immergeant dans des contenus xénophobes et islamophobes diffusés sur les réseaux sociaux. 

Ces plateformes sont devenues, selon les spécialistes, le principal vecteur de radicalisation de l’extrême droite. Des figures intellectuelles comme Renaud Camus, avec sa théorie du “grand remplacement”, y jouent un rôle idéologique central.

Ces personnes d’extrême droite agissent souvent en dehors des structures militantes classiques, ce qui complique leur détection. 

Néanmoins, certains groupes organisés persistent, souvent sous forme de petites cellules à l’organisation semi-militaire, comme on l’a vu dans l’affaire du “Projet WaffenKraft”, où quatre néonazis ont été condamnés pour avoir préparé des attaques terroristes.

Depuis les attentats terroristes de 2015, la société française a vu s’intensifier les tensions autour des questions identitaires et migratoires. La crise sanitaire du Covid-19, puis la montée de discours politiques extrêmes, ont accentué ce climat anxiogène. 

Dans ce contexte, l’extrême droite a trouvé un terrain fertile, notamment auprès de jeunes persuadés de l’imminence d’un conflit ethnique.

Recherche du martyr

Des dissolutions de groupes extrémistes comme la Division Martel, Génération identitaire, le GUD (Groupe union défense), ou Lyon populaire en novembre 2023, n’ont pas suffi à enrayer le phénomène. 

De nouveaux collectifs, comme Les Natifs, reprennent le flambeau avec des discours encore plus radicaux. Selon les spécialistes, les symboles, le langage et la stratégie d’action s’inspirent parfois du terrorisme, avec vidéos de justification, fascination pour la violence et la recherche du martyr.

Selon les experts, la France est l’un des pays d’Europe où la menace d’extrême droite progresse le plus. 

Dans certains pays occidentaux, notamment les États-Unis et l’Allemagne, elle est déjà perçue comme la principale menace intérieure. En France, elle reste minoritaire en termes d’attaques, mais son intensité et son ancrage dans la société inquiètent.

Le PNAT a ouvert 16 enquêtes liées à cette mouvance depuis 2019. Jusqu’à récemment, les services parvenaient à prévenir les passages à l’acte. L’affaire de Puget-sur-Argens montre que cela n’est plus toujours le cas.

Face à cette menace, les autorités françaises intensifient la surveillance des groupuscules et des individus suspects. Mais les outils juridiques et les moyens de détection restent en partie calibrés pour d’autres types de terrorisme. 

Le manque d’un fichier spécifique pour les radicalisés d’extrême droite limite la prévention, ce qui ne fait qu’accentuer les craintes des Français d’origine immigrée et de confession musulmane, qui sont les premières cibles du terrorisme d’extrême droite.

SOURCE:TRT français et agences
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