FRANCE
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France: Mohamed se fait appeler “Antoine” pour conserver son emploi
L’histoire de Mohamed, obligé de se faire appeler “Antoine” durant vingt ans pour conserver son emploi illustre l’ampleur de la haine contre les musulmans et son ancrage dans la société française.
France: Mohamed se fait appeler “Antoine” pour conserver son emploi
Une manifestation contre l'islamophobie en France. / AA
4 juin 2025

C’est l'histoire d’un commercial français de confession musulmane qui pendant vingt ans, a été contraint par son supérieur hiérarchique de changer son prénom, afin de conserver son poste. 

Recruté comme commercial chez Intergraph France, une entreprise qui vend des logiciels, l'intégration de systèmes, les services et le support dans les domaines de la transmission, Mohamed s’est fait appeler “Antoine” pendant vingt ans, rapporte le site internet du Parisien du 4 juin 2024.

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En 1996 au moment de son recrutement, raconte-t-il, son chef hiérarchique lui demande de changer de prénom. “Et là, la personne qui allait être mon responsable, me demande de changer de prénom, de ne plus m’appeler Mohamed. Il y avait de la colère et de la honte”, raconte Mohamed Amghar. 

Dès lors, Mohamed se fera appeler “ Antoine”. “Je suppose que mon supérieur hiérarchique pensait peut-être que s’adresser à des clients en tant que commercial, les appeler, prospecter, ne pouvait pas se faire sous le prénom de Mohamed (…) C’est du racisme, de la discrimination”, lance-t-il. 

Pendant vingt ans, celui qui se fait appeler “Antoine” s’illustre par la qualité de son travail. Il collectionne des “awards” qui portent exclusivement le prénom d’Antoine.

En 2017, après vingt ans de service, il démissionne et saisit la justice. Débouté dans un premier temps par les prud'hommes, il saisit la Cour d’Appel qui lui donne raison en 2025. Son ancien employeur est condamné à lui payer environ 30 000 euros “pour discrimination, harcèlement moral et violation de la vie privée”.

L’ancrage de l’islamophobie 

Ce fait est révélateur de l’ancrage de l’islamophobie dans la société française qui, on le rappelle, a connu en un peu plus d’un mois deux crimes islamophobes. 

Le 25 avril, Aboubakar Cissé, un Malien de 22 ans, est égorgé alors qu’il priait dans une mosquée du Gard (sud). 

Samedi 31 mai, un Tunisien, Hicham Miraoui, est tué par balles dans le Var par son voisin qui a également blessé un ressortissant turc dans l’attaque. Un crime raciste et islamophobe qui a suscité l’indignation en France.

“Au fil des années, la parole raciste s’est libérée jusqu’à se banaliser, faisant de tout musulman vivant en France un suspect en puissance”, souligne le media Tout sur l’Algérie.  “La gravité réside aussi dans le fait qu’à travers les musulmans, ce n’est plus l’immigré ou l’étranger qui est pointé, mais des Français à part entière, parfois nés en France de parents et de grands-parents français”. 

Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) a documenté 1 037 faits islamophobes en 2024, marquant une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente. Le collectif inclut dans son décompte une gamme plus large d'incidents, tels que les discriminations, propos haineux, diffamations, injures et violences physiques, souvent non signalés aux autorités.


SOURCE:TRT français et agences
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