La réconciliation fonctionne : recul des cas de divorce au Niger
La réconciliation fonctionne : recul des cas de divorce au Niger
Cette baisse est attribuée à la sensibilisation accrue des couples ainsi qu'aux efforts de médiation déployés par les organisations islamiques, entre autres facteurs.
13 juin 2025

Par Abdulwasiu Hassan

Le taux de divorce a reculé en 2024 au Niger, avec quelque 1 433 divorces et 2 565 réconciliations enregistrés dans la capitale Niamey.

La baisse a été constante au cours des dernières années. C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'Association islamique du Niger (AIN), une organisation qui aide à résoudre les conflits matrimoniaux dans ce pays majoritairement musulman.

Le nombre de divorces a chuté de 3088 en 2021 à 1517 en 2024 ; le nombre de réconciliations réussies est resté relativement stable, avec 4057 cas en 2021 contre 4013 en 2023.

« Ces chiffres montrent que notre action vise avant tout à préserver les familles », a déclaré Youssou Mounkaila, secrétaire général de l'AIN, cité par l'agence de presse officielle du Niger (ANP).

"Les demandes de divorce ne viennent pas seulement de Niamey. Certaines personnes viennent de l'intérieur du pays, voire de la sous-région ou de la diaspora", a-t-il ajouté.

Selon Mounkaila, l'enquête a identifié les principales causes de divorce dans le pays comme étant la méfiance entre les époux, les infidélités, l'incapacité des maris à subvenir aux besoins de leurs familles, les problèmes liés à l'utilisation du téléphone et l'infertilité.

Remède maison d'abord

L'association reçoit entre 50 et 60 personnes par jour pour différents types de demandes, a-t-il déclaré.

“Ce que nous faisons ici est immense. Il n'y a ni police ni avocat : seulement une application des enseignements religieux", selon l'érudit islamique.

"Lorsqu'un couple se présente, à l'initiative de l'un des conjoints, nous exigeons la présence des deux. Ils sont écoutés attentivement. Si la situation est complexe, on leur accorde un délai d'un mois pour tenter de se réconcilier. Dans l'islam, le divorce n'est jamais une décision hâtive", a-t-il expliqué.

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Il conseille aux couples d'essayer de résoudre leurs problèmes avant de demander l'intervention d'une tierce personne. « Ce n'est qu'après l'échec de ces démarches que les couples s'adressent généralement à nous », a indiqué Mounkaila.

"Nous leur donnons un mois supplémentaire ; s'ils insistent, nous prolongeons le délai de trois semaines, puis d'une semaine. Si aucune solution n'est trouvée, nous demandons à chaque partie de désigner un représentant de la famille. Ils nous donnent un dernier délai pour tenter de régler le conflit. En dernier recours, le divorce est prononcé".

"Il arrive que certains conjoints rédigent eux-mêmes un acte de divorce à la maison et viennent nous le soumettre. Même dans ce cas, nous le prenons en considération. Dans la tradition islamique, le divorce, même prononcé sur le ton de la plaisanterie, est considéré comme effectif. Il est autorisé par Dieu mais reste une action qu'il n'aime pas, comme nous le rappelle un hadith. Il ne faut donc jamais plaisanter à ce sujet."

Réaction positive des Nigériens

Les Nigériens ont réagi à ce rapport, certains estimant qu'il s'agit d'un signe de progrès dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

"Le rapport indique que le téléphone portable est l'un des facteurs responsables du divorce. La baisse du taux de divorce est une bonne chose, mais je pense qu'ils devraient faire tout ce qu'ils peuvent pour s'assurer que [les couples voient] le mariage comme une forme de culte", a déclaré Abdoulrazak Ibrahima, un résident de la capitale Niamey, à TRT Afrika.

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Aujourd'hui, nous sommes reconnaissants à Dieu que le taux de divorce ait baissé de manière significative, confie Sahabi Manu Mamman, un homme marié de Niamey, à TRT Afrika, exhortant » les couples en devenir à ne pas construire leurs relations sur des mensonges et des tromperies".

Créée en 1974, l'Association islamique du Niger est une organisation nationale dont l'objectif est d'appuyer l'État dans la résolution des problèmes sociaux, économiques et religieux à travers les enseignements de l'islam.

Ayant son siège à Niamey, elle forme des érudits islamiques pour renforcer sa mission à travers le pays.

Ses principaux domaines d'intervention concernent le mariage, le divorce, l'héritage, les conflits familiaux et sociaux, ainsi que les litiges non résolus par les tribunaux conventionnels.

SOURCE:TRT Afrika
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