Une province de l'est du Tchad a été touchée par une semaine de violences communautaires, ont indiqué lundi des sources parlementaires et locales.
Dans un communiqué adressé à l'AFP, 14 parlementaires de la province du Ouaddaï, pour la plupart issus du parti au pouvoir à N'Djamena, ont déclaré qu'ils "condamnent fermement ces actes ignobles" et ont demandé aux autorités d'intensifier leurs efforts pour garantir la sécurité des populations locales.
Le délégué du gouvernement dans la province, Ismaël Yamouda Djorbo, qui s'est rendu sur les lieux, a qualifié ces violences de "terrorisme" sans toutefois fournir de bilan précis.

Une source locale, souhaitant rester anonyme, a expliqué que les troubles ont commencé mardi dernier lorsque deux jeunes armés de la communauté Zaghawa ont volé la moto d'un membre de la communauté Ouaddaï, déclenchant une altercation armée qui a fait huit morts, dont les voleurs de moto.
Conflits intercommunautaires
Le conflit entre les deux communautés s'est ensuite intensifié samedi, lorsque au moins 12 habitants du Ouaddaï ont été tués lors d'une attaque menée par des Zaghawa.
"Nous dénonçons fermement l'impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes dans la province du Ouaddaï", a déclaré Yacine Abdraman Sakine, un député de la province.
"Les autorités restent étrangement silencieuses face à ces conflits meurtriers", a ajouté Sakine.

Depuis plusieurs décennies, l'est du Tchad, une région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits intercommunautaires opposant les habitants autochtones du Ouaddaï, principalement des agriculteurs, aux tribus arabes ou aux éleveurs Zaghawa.
Affrontements passés
Des affrontements meurtriers avaient déjà eu lieu en novembre 2018, lorsqu'une douzaine de personnes avaient été tuées près d'Abéché, la capitale provinciale.
Le dernier massacre survient moins d'un mois après la mort de 42 personnes à Mandakao, dans le sud-ouest du Tchad, selon un bilan officiel, dans le cadre d'un différend sur la délimitation des zones de pâturage et des terres agricoles entre les éleveurs peuls et les agriculteurs autochtones Ngambaye.
Lundi, la Commission tchadienne des droits de l'homme a déploré le massacre au Ouaddaï et a exhorté le gouvernement à "prendre toutes les mesures nécessaires" pour mettre fin aux flambées de violence.