Le Cameroun a dépassé le Burkina Faso en tant que « crise humanitaire la plus négligée » au monde, a déclaré mardi le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) dans un rapport annuel.
Chaque année, cette ONG publie une liste des 10 crises les plus négligées, basée sur trois critères : le manque de financement humanitaire, l'absence d'attention médiatique et le faible engagement politique international.
« Trois crises distinctes et prolongées frappent le Cameroun depuis plus d'une décennie : le conflit de longue date avec des groupes armés dans le bassin du lac Tchad, les violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest – où vit la majorité des populations anglophones du pays – et l'instabilité persistante en provenance de la République centrafricaine », a indiqué le NRC dans un communiqué.

L'organisation a souligné qu'en 2024, « environ 3,4 millions de personnes avaient un besoin urgent d'assistance et de protection » dans la région.
Autres crises négligées
« Plus de 1,1 million de personnes étaient déplacées à l'intérieur du pays, tandis que près d'un demi-million de réfugiés et demandeurs d'asile cherchant refuge au Cameroun restaient bloqués dans une situation précaire », a ajouté le NRC.
L'ONG a également noté que, malgré la gravité de la situation, la couverture médiatique était quasi inexistante, la réponse internationale inefficace, et seulement 45 % des fonds humanitaires demandés avaient été alloués.
« La crise au Cameroun est un exemple flagrant de négligence mondiale : sous-médiatisée et sous-financée. Sans signe d'une attention renouvelée, d'un soutien ou d'un engagement politique, les perspectives pour 2025 sont encore plus sombres », a averti le NRC.

Parmi les 10 pays les plus négligés, huit se trouvent en Afrique.
Outre le Cameroun, la liste inclut l'Éthiopie, le Mozambique, le Burkina Faso (classé premier en 2023 et 2022), le Mali, l'Ouganda, l'Iran, la République démocratique du Congo, le Honduras et la Somalie.
Réductions des financements étrangers
Le NRC a noté que « moins de la moitié des financements humanitaires requis ont été fournis en 2024 », soulignant que « ce déficit représente environ un pour cent de ce que le monde dépense pour la défense ».
« La solidarité internationale est supplantée par des politiques de plus en plus introverties et nationalistes dans des pays donateurs autrefois généreux », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du NRC.
« À travers l'Europe, les États-Unis et ailleurs, nous avons vu des donateurs tourner le dos aux populations dans leur moment de besoin », a-t-il ajouté.

Après son entrée en fonction en janvier, le président américain Donald Trump a gelé l'aide étrangère des États-Unis et démantelé l'agence de développement USAID, qui gérait un budget annuel de 42,8 milliards de dollars, représentant 42 % de l'aide humanitaire mondiale.
En invoquant des déficits budgétaires et la nécessité d'augmenter les dépenses militaires, plusieurs pays européens ont également annoncé des réductions de leur aide internationale.