Un procès très médiatisé s’est ouvert mardi en Tunisie. Quarante personnes, dont des figures de premier plan de l'opposition, sont accusées d'avoir conspiré contre la sécurité de l'État. Des militants à l’extérieur du tribunal ont dénoncé “une affaire sans fondement et une répression politique”.
Neuf des accusés n’ont pas été autorisés à comparaître au procès, le tribunal ayant jugé qu’ils étaient trop dangereux pour être sortis de leur cellule.
Leurs avocats ont réclamé le droit de leurs clients à comparaître devant un juge, comme l’ont fait les manifestants à l’extérieur.
Outre des politiciens de l’opposition, les accusés comprennent d’anciens diplomates, des chefs d’entreprise, des journalistes, des avocats et des défenseurs des droits de l’homme. Certains ont passé plus de deux ans en détention provisoire, d’autres ont fui à l’étranger.
Selon les avocats, certains accusés risquent la peine capitale s’ils sont reconnus coupables. Les chefs d’accusation incluent complot contre la sécurité de l’État et appartenance à un groupe terroriste pour certains, tandis que d’autres sont soupçonnés de liens illégaux avec des partis et des diplomates étrangers.

Le 14 janvier 2024 a marqué le 13e anniversaire de la révolution tunisienne, mais que reste-t-il du soulèvement populaire qui a débouché sur la chute du régime de l’ancien président Ben Ali en 2011 et enclenché la vague du Printemps arabe ?
Un procès “fomenté”
Les détracteurs du président tunisien Kais Saied affirment que les accusations sont fabriquées et que le procès est motivé par des raisons politiques. Saied, réélu pour un second mandat l’année dernière, affirme que les accusés sont des “traîtres et des terroristes” qui l’accusent d’avoir organisé un coup d’État en 2021 quand il s’est octroyé les pleins pouvoirs, démis des membres du gouvernement et gelé les activités du parlement avant de le dissoudre.
Les critiques, dont le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, ont accusé le gouvernement de Saied d’utiliser le pouvoir judiciaire pour étouffer la dissidence depuis son coup de force de 2021, qui a élargi l’autorité exécutive.
Les partisans de Saied soutiennent que ses mesures de répression sont nécessaires pour stabiliser une nation aux prises avec l’inflation, le chômage et la corruption. De nombreux Tunisiens accusent les élites politiques de mauvaise gestion économique.
Les groupes de défense des droits de l’Homme du monde entier ont condamné le procès et le le traitement réservé aux accusés.
“Les violations systématiques documentées de leurs droits au cours de la phase préliminaire de la procédure pénale compromettent considérablement l'ensemble des poursuites ainsi que la légitimité, l'indépendance et l'impartialité” du procès, a déclaré la Commission internationale de juristes (CIJ) dans un communiqué.