Le président de la FNSEA a annoncé, ce mardi sur RMC , suspendre la mobilisation débutée la veille en faveur de la proposition loi Duplomb. Lundi, le syndicat a mobilisé plusieurs dizaines de tracteurs venus camper devant l’Assemblée nationale, pour faire pression sur les députés.
Pourquoi le syndicat semble-t-il satisfait du rejet de la loi par les députés ? On pourrait s’attendre à une bronca des paysans mais la stratégie des députés de droite, d’extrême droite et de la majorité présidentielle vise justement à conserver le projet de loi tel quel.
Les députés de gauche et de droite avaient déposé 3 500 amendements. Cela promettait des débats longs, des invectives entre écologistes et bloc de droite, la loi risquait de s’enliser ou d’être passablement transformée.
En rejetant la proposition de loi, le camp gouvernemental évite les débats à l’Assemblée, le texte est renvoyé devant une commission paritaire composée de 7 députés et 7 sénateurs. Les élus doivent trouver un accord qui sera ensuite présenté au Sénat et à l’Assemblée pour un vote mais sans possibilité de déposer un amendement.
Un texte pour satisfaire le syndicat FNSEA
Ce projet de loi est jugé indispensable par la FNSEA. Il a même été conçu pour satisfaire le syndicat FNSEA, premier syndicat agricole de France, proche du gouvernement et proche de l’industrie. Son rapporteur, le sénateur Laurent Duplomb est un ancien élu de la FNSEA, ancien agriculteur et ancien président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire. Le texte vise à lever toutes les contraintes légales pesant sur l'agriculture.
Il veut permettre le stockage d’eau, réintroduire, à titre dérogatoire, l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Cette substance permet de lutter contre les ravageurs de la betterave et la noisette, mais il est considéré comme nuisible pour l’homme par de nombreux chercheurs et il est mortel pour les abeilles. Il existe des alternatives rejetées par l’agriculture intensive car il induit une baisse de rendement.
Autre preuve que le texte veut lever toutes les limites : il projette de mettre l’ANSES, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement sous la tutelle du gouvernement qui déciderait des dossiers prioritaires. Inquiet, le directeur de l’agence a mis sa démission dans la balance. Cette agence est justement celle qui autorise ou interdit les pesticides ou les engrais agricoles.
Colère de la gauche
Tous les syndicats agricoles ne soutiennent pas le texte. La Confédération paysanne, juge que ce texte ne profiterait “qu’à une petite partie de l’agrobusiness”. “Cette loi, c’est se tirer une balle dans le pied. Elle va accélérer le mouvement de concentration des fermes”, a réagi Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne. Le second syndicat, la Coordination rurale soutient par contre le texte du sénateur Duplomb pour la levée des contraintes dans l’agriculture.
Après le rejet du texte par une majorité de députés, les écologistes ont fustigé, par la voix de la députée Delphine Batho, "un texte obscurantiste", "visage du trumpisme à la française". Le projet de loi Duplomb revient en effet sur plusieurs mesures de protection de l’environnement.
Le chef du groupe socialiste Boris Vallaud a lui fulminé contre "un déni de démocratie grave".
"Nous nous opposerons fermement à cette motion (de rejet), fruit d'une lâcheté politique et d'une soumission totale de la droite aux lobbys de l'agrobusiness", a déclaré le groupe LFI. "On va essayer de déposer une motion de censure" contre le gouvernement de François Bayrou, a soutenu, devant des journalistes, la cheffe du groupe insoumis Mathilde Panot.