FRANCE
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La France dévoile un plan de rigueur face au "danger mortel" de la dette
Le Premier ministre français François Bayrou a présenté mardi des mesures-choc, dont le gel des dépenses publiques et la suppression de deux jours fériés, pour redresser les finances d'un pays soumis au "danger mortel" de "l'écrasement par la dette".
La France dévoile un plan de rigueur face au "danger mortel" de la dette
Le Premier ministre français Bayrou présente les principaux éléments de son budget 2026 / Reuters
15 juillet 2025

Dans un discours solennel, le Premier ministre a assuré que le pays se trouve "à un moment critique de [son] histoire", avec un déficit public de la France atteignant 5,8 % du PIB en 2024 et une dette publique représentant près de 114 % du PIB.

À la tête d'un gouvernement sans majorité à l'Assemblée nationale et aux marges de manœuvre réduites, François Bayrou a évoqué l'exemple particulièrement frappant de la Grèce, mise sous tutelle internationale dans les années 2010 après avoir été emportée par le poids de sa dette.

"Il ne faut jamais oublier l'histoire de la Grèce", a-t-il mis en garde dans son discours à Paris, déplorant que "chaque seconde, la dette de la France augmente de 5 000 euros", et que les Français considèrent "comme normal depuis des décennies que l’État paie tout". 

"Nous sommes devenus accros à la dépense publique", a-t-il lancé.

Un double objectif : réduire la dette et relancer la production

François Bayrou a présenté un plan autour de deux axes : une baisse drastique des dépenses et une relance de la production nationale, dans un contexte de croissance morose. Les dépenses militaires, elles, seront épargnées, avec une augmentation prévue de 6,7 milliards d'euros en 2026 pour faire face à l'accroissement constant des tensions internationales.

L’objectif affiché est de ramener progressivement le déficit à 2,9 % du PIB en 2029, "seuil à partir duquel, dans un pays comme le nôtre, la dette n'augmente plus".

Pour ce faire, "l'État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l'euro près en 2026 qu'en 2025, à l'exception de l'augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le budget des armées".

L'État prévoit également de supprimer 3 000 postes dans la fonction publique dès 2026, ou encore de "supprimer des agences improductives qui dispersent l'action de l'État". Les pensions des nombreux retraités n'augmenteront pas en 2026 et "l'ensemble des prestations sociales sera maintenu en 2026 à leur niveau de 2025 et il n'y aura pas d'exception".

Une “contribution” des plus aisés et réduction des dépenses publiques

Le gouvernement prévoit "une contribution des plus fortunés", qui sera définie par les parlementaires.

"L'effort de la nation se doit d'être équitable, c'est-à-dire de demander peu à ceux qui ont peu et plus à ceux qui ont davantage", a déclaré M. Bayrou, qui a aussi annoncé un renforcement de la lutte contre la fraude sociale.

Alors que les autorités soulignent depuis des années une forte consommation de médicaments par la population, le Premier ministre prévoit une réduction de 5 milliards d'euros des dépenses sociales annuelles dans le domaine de la santé.

Sur l’année 2026, l’ensemble des mesures budgétaires, incluant les collectivités locales et les organismes sociaux, devraient permettre d'économiser 21 milliards d'euros, avec 7 milliards d’euros supplémentaires attendus du gel des prestations sociales et du barème de l’impôt sur le revenu.

Suppression de deux jours fériés

Dans le cadre du deuxième axe de son plan, visant à augmenter la production française, le Premier ministre a proposé la suppression de deux des onze jours fériés actuels : le lundi de Pâques, "qui n'a aucune signification religieuse", et le 8 mai, qui célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Ce dernier tombe, selon lui, "dans un mois de mai devenu un véritable gruyère", compte tenu des nombreux jours fériés qui le ponctuent. Cette mesure rapportera "plusieurs milliards d'euros au budget de l'État", selon lui.

Mais cette mesure a immédiatement provoqué de vives réactions. Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a immédiatement dénoncé une "provocation". "La suppression de deux jours fériés, par ailleurs, aussi chargés de sens que le lundi de Pâques et le 8 mai, est une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail. Aucun député RN n’acceptera cette mesure", a-t-il dit sur X.

De son côté, le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a déclaré sur X qu'"il [fallait] faire partir Bayrou" et que les "les injustices ne [devaient] plus être acceptées".


SOURCE:TRT français et agences
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