Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé, mercredi, qu'une "grande proportion" de la population à Gaza meurt de faim.
"Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela autrement que des gens mourant de faim en masse, et c'est créé par l'homme. C'est très clair, et c'est à cause du blocus", a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève.
Selon lui, "les 2,1 millions de personnes piégées dans la zone de guerre qu'est Gaza sont confrontées à un autre tueur, en plus des bombes et des balles : ils meurent de faim. Nous assistons aujourd'hui à une hausse fatale des décès liés à la malnutrition".
"Le taux de malnutrition aiguë globale dépasse 10%, et plus de 20% des femmes enceintes et allaitantes ayant fait l'objet d'un dépistage souffrent de malnutrition, souvent sévère", a détaillé le chef de l'OMS.
"Nous demandons un accès total et un cessez-le-feu, et nous demandons une solution politique [... ), une solution durable, et nous exigeons également la libération des otages comme nous l'avons toujours dit", a-t-il ajouté.
L'OMS a pu recenser, depuis le début de l'année, 21 décès d'enfants de moins de cinq ans liés à la malnutrition, mais l'organisation souligne que ce chiffre est en dessous de la réalité.
Mardi, un hôpital de Gaza avait rapporté que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en seulement 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.
"Depuis le 17 juillet, les centres de malnutrition aiguë sévère sont pleins" et manquent d'aliments thérapeutiques, a alerté M. Tedros.
Une aide entravée
Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza.
Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza, depuis fin mai, plus de 1 000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël, et dont le financement opaque est régulièrement critiqué.
Israël accuse de son côté le mouvement Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en détournant l’aide humanitaire à des fins lucratives pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide. La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas.
Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d'aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions.