EUROPE
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Scandale à l’UE: le RN aurait encore détourné des fonds européens
Un rapport confidentiel accuse le groupe Identité et démocratie dont faisait partie le Rassemblement national d’avoir détourné 4,3 millions d’euros de crédits du Parlement européen.
Scandale à l’UE: le RN aurait encore détourné des fonds européens
Le Rassemblement national comptait 18 députés européens en 2019 / AFP
3 juillet 2025

Le Rassemblement national (RN) est à nouveau soupçonné de détournements de fonds publics.

Selon un rapport confidentiel d’un groupe de médias européens d’investigation dont le quotidien Le Monde, ce jeudi, la direction des finances du Parlement européen affirme que le groupe Identité et démocratie (ID), qui comptait dix partis d’extrême-droite dont le RN durant la précédente mandature (2019-2024), a dépensé de manière irrégulière au moins 4,33 millions d’euros de crédits européens. 

Ces fonds alloués par le Parlement, sont destinés exclusivement au fonctionnement des groupes parlementaires. Ils doivent donc être dépensés pour le fonctionnement du groupe ou ses activités politiques. Néanmoins, dans ce cas précis, ils auraient été utilisés comme des dons injustifiés versés à des associations sans rapport avec ses activités de groupe politique pour un total de plus de 700 000 euros en cinq ans. 

Le document de 31 pages, qui n’est pas encore publié mais a été obtenu par Le Monde et plusieurs partenaires européens (dont Die Zeit, Kontraste et Falter), dénonce des pratiques systématiques d’irrégularités : appels d’offres fictifs, absence de mise en concurrence, surfacturation et enrichissement de sociétés proches du RN, notamment Unanime (rebaptisée Europacomm) et e-Politic, toutes deux liées à Frédéric Chatillon, ancien chef du GUD (association étudiante d’extrême-droite) et prestataire historique du parti français depuis 2012.

​​Frédéric Chatillon était, jusqu’en 2024, au moins l’un des principaux bénéficiaires des contrats d’impression du parti français pour ses campagnes électorales et la propagande du groupe européen.

Et, entre 2020 et 2024, la société a facturé 1,43 million d’euros pour des travaux d’impression de magazines, de livres et de lettres d’information au groupe ID.

3,6 millions d’euros de contrats européens sans respect des règles

L’administration parlementaire estime que ces sociétés ont engrangé plus de 3,6 millions d’euros sur des contrats où les règles européennes n’ont pas été respectées. 

Dans le cas d’Unanime, la société aurait même remporté un marché sans candidature formelle et sans disposer des capacités techniques exigées. Elle aurait entièrement sous-traité ses prestations tout en dégageant une marge jugée injustifiable. 

Le Monde cite un des exemples qui ont fait tiquer les contrôleurs européens, celui des coûts d’impression du groupe ID. Ces coûts ont explosé, pour un contrat prévu à 223 000 euros sur quatre ans, ce sont près de 1,5 million d’euros qui sont facturés.

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L’ancien secrétaire général du groupe ID, Philip Claeys, conteste les accusations et défend la régularité des dépenses, insistant sur le contrôle annuel exercé par le cabinet RSM Belgium. Il soutient aussi que les prestations d’Unanime et d’e-Politic étaient conformes aux besoins du groupe, tout en reconnaissant des manquements formels dans certaines procédures.

Le rapport va plus loin et pointe également des subventions déguisées, destinées à des structures amies, dont le magazine autrichien Zur Zeit ou une société liée à un élu d’Alternative pour l’Allemagne (AfD).


Le Parlement souhaite le remboursement des fonds

La direction du Parlement recommande le remboursement intégral des sommes en question et envisage de saisir l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), voire le parquet européen.

Pour rappel, le Rassemblement national a été frappé en mars 2025 par une condamnation retentissante liée à l’affaire des assistants parlementaires fictifs au Parlement européen. Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics, avec un rôle central dans ce système qui aurait détourné environ 4,4 millions d’euros.

Elle a écopé d’une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont deux ans ferme avec bracelet électronique assortie d’une amende de 100 000 euros, ainsi que d’une interdiction d’exercer ses droits civiques (inéligibilité) pendant cinq ans, immédiatement applicable, la rendant ainsi inéligible jusqu’en 2030 et exclue des prochaines élections de 2027.

SOURCE:TRT français et agences
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