Le compte X de la cheffe du Rassemblement national a la teneur d’un programme d’une candidate à la présidentielle. Quand elle visite une des usines d’extraction du nickel, Marine Le Pen défend cette industrie en plein marasme à cause de la chute du prix du minerai sur le marché mondial et de la concurrence de l’Indonésie.
Selon la cheffe du RN, il faut investir dans les énergies renouvelables pour relancer une production devenue trop chère à cause de l’inflation des prix de l’énergie.
La présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée s’est également rendue devant le centre commercial de Dumbéa, les 34 000 m2 de surface commerciale noircie par les flammes, car pillée et incendiée au début des émeutes de mai 2024. La destruction de ce centre commercial avait entraîné la perte de 600 emplois. Si tous les politiques français font cette visite, le ton de la cheffe de file du mouvement d’extrême droite est différent. Elle ne cesse de répéter que son parti a travaillé sur le dossier calédonien. Marine Le Pen utilise le récent échec des discussions menées par Manuel Valls pour trouver une solution institutionnelle à son avantage.
Le RN s’invite aux discussions sur l’avenir de l'île
La potentielle candidate à la course présidentielle de 2027 donne une certaine ampleur à cette visite calédonienne, elle estime ainsi que son parti politique doit participer aux futures discussions sur l'avenir de l’île prévues mi-juin à Paris et annoncées par Emmanuel Macron. “J’ai toute ma place dans ces discussions” a affirmé Marine Le Pen, regrettant au passage le fait que des discours extrémistes dans chaque camp aient fait capoter les discussions précédentes. Elle insiste également sur la force de propositions de son parti politique.

Le ministre français des Outre-mer, Manuel Valls, a estimé vendredi qu’une présence française était ‘’indispensable’’ en Nouvelle-Calédonie face à la Chine et autres ‘’prédateurs’’ dans la région Indopacifique.
Le ministre français des Outre-mer, Manuel Valls, avait mené en vain, début mai, en Nouvelle-Calédonie trois jours de négociations pour mettre indépendantistes et non-indépendantistes d'accord sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie. Le 13 mai 2024, des émeutes avaient explosé après la tentative par Paris de changer le corps électoral calédonien, ce qui avait été ressenti par les Kanaks comme une provocation pour diminuer leur poids lors des prochaines élections.
La priorité c’est un plan de développement économique
L’élue RN se pose en interlocutrice avec dans sa boîte à outils des idées, des solutions pour l’avenir de l’île. Le message est clair : le gouvernement Macron n’a pas la bonne méthode.
Ainsi, lors d’une conférence de presse à Nouméa et lors de sa rencontre avec les acteurs économiques locaux, Marine Le Pen a prêché pour un plan de développement économique de l’archipel. La députée du RN a expliqué qu’il faut en urgence développer toutes les provinces calédoniennes : “Ce n’est pas la réforme institutionnelle qui donnera à manger aux gens, qui leur permettra de trouver un emploi, qui poussera les investisseurs à revenir”, a -t-elle tweeté.
La situation de l’archipel est en effet très difficile. Selon la Chambre de commerce et d'industrie, 11.000 emplois ont été supprimés depuis mai 2024. La consommation s'effondre, avec un nombre de départs importants. D'après les chiffres, à fin mars 2025, de l'aéroport de Nouméa, on comptait 12.900 départs de plus que d'arrivées, en un an. En février, une étude commandée par la Chambre de Commerce et d’Industrie révélait que 79% des entreprises n'avaient pas confiance en l'avenir du territoire, contre 63% en octobre 2024.
Pour la députée RN, la réforme institutionnelle doit attendre : “Cela déconcentre les énergies et cela pousse au conflit, alors qu’il y a un sujet qui devrait concerner tout le monde, c’est : que sera la Nouvelle-Calédonie dans trente ans, pas sur le plan institutionnel mais sur le plan de quelles études seront offertes aux enfants, sur le plan du travail qu’ils voudront faire.”, s’est-elle expliquée lors d’une conférence de presse.
Marine Le Pen joue les rassembleuses, car le sujet de l’économie est sans doute le seul qui puisse rassembler indépendantistes et loyalistes dans une île au bord du défaut de paiement.
Son déplacement en Nouvelle-Calédonie s'achèvera vendredi par une réunion publique. Pour rappel, lors des élections présidentielles de 2022, Marine Le Pen a, au second tour, réuni près de 40% des votes en Nouvelle-Calédonie.