Le rassemblement du 29 mars, organisé par La Jeunesse Africaine pour la Résistance Congolaise, en collaboration avec les collectifs de jeunes UJAMAA, Binabi, Kilimandjaro et Manssah, marque une initiative majeure pour repenser la mobilisation de la diaspora congolaise en Belgique. L'événement a réuni de nombreux jeunes et militants engagés dans la lutte pour le Congo.
Un réveil de la diaspora congolaise
“Congolais, résistance, Congolais, résistance !”, scandent les manifestants à l’unisson sur la place Poelart de Bruxelles. Leur message est limpide : ils veulent la libération du Congo et de tout le continent africain.
Les collectifs organisateurs s’engagent à mener des actions pour favoriser l’unité et renforcer les liens entre la diaspora congolaise et les acteurs engagés sur le terrain en RDC. Pour Bakita, présidente du comité UJAMAA, l'importance de cette mobilisation ne fait aucun doute : “Nous sommes panafricains. Être panafricain, c'est prôner l'unité du peuple noir et du peuple afrodescendant partout sur la Terre”.
Le rassemblement a également été l'occasion de sensibiliser sur les injustices subies par le peuple congolais et d'explorer des stratégies concrètes pour soutenir la lutte sur le terrain. Le Congo, pays au sous-sol riche en ressources précieuses comme le cobalt et le coltan, est depuis plusieurs décennies victime d’une exploitation sans précédent. La pression exercée par les multinationales et les pays occidentaux exacerbe les tensions locales, alimentant ainsi une instabilité chronique.
Appel aux dons pour le Congo
Une récolte de dons humanitaire a été lancée pour soutenir la résistance congolaise et venir en aide aux populations de l’Est de la RDC, touchées par une crise humanitaire majeure. Les fonds collectés seront destinés aux initiatives locales AFEDE et Le Gardien de la Souveraineté Congolaise, qui fournissent une aide vitale aux déplacés et défendent les droits du peuple congolais. D’après Médecins Sans Frontières, plus de 400 000 personnes ont été déplacées rien qu’en janvier 2025 pour fuir la violence. Elles se sont réfugiées dans des camps insalubres à Goma où 650 000 personnes vivaient déjà dans des conditions extrêmes : ni eau, ni nourriture, ni habitations dignes, ni soins médicaux essentiels…
Amnesty International a documenté des viols collectifs et des mauvais traitements infligés à des défenseurs des droits humains après que le M23 ait pris le contrôle de Goma (27 janvier) et de Bukavu (16 février). En février et mars 2025, le M23 a enlevé plus de 130 personnes dans les hôpitaux Heal Africa et CBCA Ndosho à Goma, incluant des soldats et des soignants. Beaucoup ont été torturés, certains forcés de rejoindre le M23. Entre février et mars 2025, la Croix-Rouge congolaise a récupéré 43 cadavres à Bukavu, dont 29 civils, et 406 dans la province du Sud-Kivu, dont 110 civils. Ce bilan montre l'ampleur des violences.
Christian, militant congolais installé en Belgique, a souligné la gravité de la situation dans son pays d'origine : “Mes revendications aujourd'hui, en tant que jeune Congolais de la diaspora, c'est de voir s'arrêter ce massacre de masse, ce génocide qui est perpétré dans mon pays depuis plus de 30 ans. Cette cause, elle est la mienne, elle est la vôtre, elle est à nous toutes, en tant qu'humanistes, nous devons nous battre, nous devons libérer le monde, nous devons libérer le Congo, parce que la libération du Congo sera une victoire pour le monde entier.”
Un message à la communauté internationale
Plusieurs intervenants ont appelé à une prise de conscience internationale. Ermelinde Malcotte, militante anti-impérialiste, a mis en évidence les enjeux géopolitiques qui fragilisent le Congo : “Aujourd'hui, c'est important de se mobiliser. On est là pour défendre le Congo, défendre l'autodétermination du peuple congolais. Ce sont des problèmes interconnectés qui ont tout à voir avec les postures néocoloniales de l'Occident”. La militante rappelle le lien entre plusieurs conflits dans le monde : “On voit les attaques contre le Yémen et contre le Liban, la Palestine, la Syrie. Ce sont des problèmes interconnectés et qui ont tout à voir avec les postures néocoloniales de l'Occident. Et donc on est là pour à la fois soutenir le peuple congolais, mais aussi en tant que Belge, se poser en opposition avec ces politiques néocoloniales.”
Paola Digata, artiste engagée et Congolaise installée à Bruxelles, a également exprimé son besoin urgent de changement : “J'ai grandi dans un pays en crise. Ma mère a connu le régime de Mobutu, mon père a vécu la colonisation. Aujourd'hui, je suis là pour montrer qu'on est déterminés à ce que les choses changent”.
Une jeunesse engagée pour leur avenir
Les organisateurs et participants ont réaffirmé leur engagement à continuer la mobilisation. La jeunesse congolaise en Belgique souhaite amplifier son action et peser dans le débat public. Christian a insisté sur la nécessité de faire entendre la voix des populations opprimées: “Je suis venu crier, être la voix de celles et ceux qui ne peuvent pas parler, de celles et ceux qui ne peuvent pas décider de leur avenir”. Paola Digata, elle, cultive l’espoir : “Ne perdons pas espoir face à la violence car nous obtiendrons la justice ! Aux jeunes, qui ont le droit de voter dans leurs pays, je vous jalouse ! Vous avez le pouvoir de changer les choses”.
En conclusion, ce rassemblement a réaffirmé la volonté de la jeunesse congolaise de ne pas rester spectatrice des violences qui frappent leur pays d'origine. Ces jeunes militants comptent faire de leur engagement un levier pour un changement durable.