Ce jeudi, et après trois jours de discussions, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a reconnu lors d’une conférence de presse à Nouméa qu’aucun accord n’a été trouvé. La capitale de l’archipel, en proie à une crise économique persistante, a ainsi vu ses efforts pour avancer sur une issue politique se heurter à un blocage.
Ce manque de consensus, a-t-il ajouté, empêche de "résoudre la question de la composition du corps électoral", un sujet à l’origine des violences insurrectionnelles de mai 2024, ainsi que celle du droit à l'autodétermination.
La situation politique dans l’impasse
Depuis le dernier référendum sur l’autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique reste figée. Ce référendum a laissé le processus politique sans issue claire, précipitant les émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts et occasionné plus de deux milliards d’euros de dégâts, dans un contexte de crise économique aiguë.
Les négociations sur le statut futur de la Nouvelle-Calédonie avaient été relancées début 2025. Plusieurs cycles de discussions ont eu lieu, avec trois déplacements de Manuel Valls sur place, permettant de réunir autour de la table des camps aux positions difficilement conciliables, qui ne se parlaient plus auparavant.
"Nous avons tenté de relever les défis liés à la mise en œuvre de l’autodétermination et à la fin du processus de décolonisation, tout en prenant en compte les résultats des trois référendums d'autodétermination de 2018, 2019 et 2021", a expliqué le ministre. Ces référendums ont vu la victoire du "non" à l'indépendance.
Durant ce dernier cycle de négociations, deux projets ont été examinés en profondeur. Le premier, soutenu par l’État, proposait une souveraineté partagée avec la France. Le second, porté principalement par les Loyalistes (une branche des non-indépendantistes), prônait un fédéralisme au sein de la République française.
Cependant, "aucun projet n’a pu rassembler de consensus", a regretté Manuel Valls. Selon lui, le projet des Loyalistes "remettait en question, à nos yeux, l’unité et l’indivisibilité de la Nouvelle-Calédonie", en proposant une forme de partition de facto.
Le projet gouvernemental, qui envisageait une "double nationalité, française de droit et calédonienne", ainsi qu'un "transfert immédiat des compétences régaliennes", a provoqué l’indignation des non-indépendantistes. Ces derniers estimaient qu'il équivalait à une reconnaissance de facto de l'indépendance du territoire.
Pour le député non-indépendantiste Nicolas Metzdorf, "le principal point de blocage résidait dans le transfert des compétences régaliennes, qui dans le projet étaient attribuées à la Nouvelle-Calédonie, avant une éventuelle délégation à la France". Il a affirmé à l'AFP : "Nous rejetons cette proposition. Nous restons sur notre projet d’État fédéré avec un renforcement des compétences des provinces".
Malgré l'échec des négociations, Manuel Valls a souligné que le dialogue s’était déroulé "dans le respect mutuel" et que des "points de convergence" avaient été identifiés.
Cependant, en l'absence d'accord politique, l'État envisage désormais de poursuivre dans le cadre juridique actuel. Le gouvernement devra "examiner le projet de convocation et d’organisation des élections provinciales selon les règles en vigueur", a précisé Manuel Valls.
Ces élections, qui détermineront la composition du gouvernement local, doivent théoriquement avoir lieu avant fin novembre 2025.
"Je continuerai à œuvrer pour éviter un retour de la violence", a insisté le ministre, appelant toutes les forces politiques et sociales à "s’engager avec l’État pour la paix, le dialogue et la reconstruction".
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