Donald Trump veut-il renouer le fil du dialogue avec les Etats du Sahel, alors que la coopération militaire entre les deux parties s'était considérablement détériorée à la fin du mandat de Joe Biden?
Priés par les autorités de partir du Tchad en Avril 2024, la centaine de marines préposée à la lutte contre le terrorisme n'est toujours pas revenue. Ce qui était annoncé comme un départ provisoire des soldats américains semble définitif.
Au Niger aussi, le dernier des 946 soldats américains stationnés dans le pays est parti en juillet 2024.

Depuis l’investiture de Trump le 20 janvier dernier, il y a comme une amorce de dégel entre les Etats-Unis et les pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel). La navette ces derniers temps entre les émissaires des deux parties semble l’attester.
Le 12 mai dernier, l’ambassadrice des Etats-Unis au Niger, Kathleen FitzGibbon, a officiellement présenté ses lettres de créance au président nigérien, deux ans après sa prise de fonction. Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 ayant renversé Mohamed Bazoum, elle avait pris ses fonctions sans pour autant poser cet acte protocolaire.
De plus, fin mai, le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique de l’Ouest, Will Stevens, s’est rendu dans les capitales du Burkina Faso et du Niger, dans le but ”d’encourager une nouvelle dynamique de coopération”.
Avant la tournée de Will Stevens, le Premier ministre nigérien Lamine Zeine s'était déjà rendu à Washington en avril, en précurseur. Sa rencontre avec des représentants du département d’Etat américain a sans doute facilité le dégel.
“Ces événements, analysent Franklin Rossiter et Sarah Harrison de International Crisis Group, semblent indiquer que l’administration du président américain Donald Trump souhaite restaurer ses relations avec les trois pays du Sahel central – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – après des années marquées par de fortes tensions”.
La Russie en embuscade
La région du Sahel, en Afrique, est devenue “l’épicentre du terrorisme mondial” et représente pour la première fois, “plus de la moitié des décès liés au terrorisme”, selon l'Indice mondial du terrorisme (GTI). De plus, le Niger, le Mali et le Burkina regorgent d’importantes ressources pétrolières, minières et même des métaux rares comme le lithium et l’uranium. Autant de centres d'intérêts aux mains des diplomates pour faciliter le réchauffement des relations entre les Etats-Unis et les pays de l’AES.

D'après International Crisis Group sur la base de certaines confidences des responsables, les gouvernements des pays de l’AES “pourraient préférer la diplomatie transactionnelle de Donald Trump – caractérisée par un mépris pour le droit international et une ligne plus souple envers la Russie – à l’approche multilatérale axée sur l’aide promue par les précédentes administrations américaines”.
“Les gouvernements sahéliens souhaitent davantage d’investissements et veulent que les Etats-Unis, qui restent le principal fournisseur d’aide humanitaire dans la région, assouplissent les restrictions sur les livraisons d’équipements militaires”.
En attendant, c’est la Russie qui gagne en influence dans la région, accentuant la coopération militaire et les partenariats économiques et stratégiques. Le dernier en date porte sur le développement d’un programme nucléaire à usage civil au Mali.