L’Union européenne évite une escalade commerciale et la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen salue un “bon accord”. Donald Trump, le président américain parle du “plus grand de tous les accords” et n’a pas résisté à s’auto-congratuler après l’annonce de cet accord en Ecosse ce dimanche.
À Paris, le ton est beaucoup plus critique. Le Premier ministre français n’hésite pas à qualifier l’annonce de cet accord de "jour sombre", où l'Europe "se résout à la soumission". Le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, est moins mélodramatique mais tout aussi critique et note sur X que cet accord "apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques (...) mais il est déséquilibré". Le journal Libération n’hésite pas à écrire “l’Union européenne a capitulé face au président américain.”
Globalement, les pays européens poussent cependant un “ouf” de soulagement car un accord est trouvé avant la date butoir du 1er août. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a elle salué un accord "qui évite une guerre commerciale au sein de l'Occident avec des conséquences imprévisibles", dans un communiqué commun avec ses vice-Premiers ministres, Antonio Tajani et Matteo Salvini. Le gouvernement irlandais regrette lui ces nouveaux taux d'imposition mais se félicite que l’accord apporte "une forme de certitude nécessaire" après des mois d'annonces et menaces tous azimuts.
L’accord doit encore être entériné par les 27 pays membres de l’Union européenne.

Des pays européens soulagés
L’UE évite en effet des tarifs douaniers de 30% comme l’avait menacé Washington, mais en contrepartie, Bruxelles s’engage à investir massivement aux Etats-Unis. L’Union va acheter des produits énergétiques pour un montant de 750 milliards de dollars, essentiellement du gaz liquéfié dont l’UE a besoin. Bruxelles doit également investir 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis.
Ces 15% correspondent en fait aux taxes déjà en vigueur, les produits européens étaient taxés à hauteur de 4,8% avant Donald Trump et après sa prise de fonction, le nouveau locataire de la Maison Blanche avait imposé 10% de taxes supplémentaires aux Européens.
Certains produits sont exemptés de ces taxes, comme les produits aéronautiques, certains dispositifs médicaux et médicaments génériques ou encore les spiritueux, tous des secteurs clés pour l’économie française. Ces exemptions sont réciproques, l’Union européenne ouvre donc son marché à certains produits américains.
Malgré tout, le texte laisse un sentiment de défaite à certains. L’Union européenne a choisi de négocier coûte que coûte avec Washington. Pour Jean-Luc Demarty, ancien directeur général du Commerce extérieur et de l'Agriculture à la Commission européenne, qui s’exprimait ce matin sur France Info, cet accord “est désastreux sur le plan géopolitique et géoéconomique. Si on accepte l'extorsion quasi mafieuse de Trump, pourquoi est-ce que les Chinois ne nous feraient pas la même chose ? Notre crédibilité dans le monde va faiblir avec ça", a-t-il commenté.