POLITIQUE
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Gaza: l’Europe critiquée pour son “hypocrisie” et son "racisme"
Selon un rapporteur spécial des Nations unies, le procureur de la CPI déclare que les dirigeants européens ont été surpris par le mandat d’arrêt contre Netanyahu, pour eux “la CPI a été créée pour poursuivre les seuls dirigeants africains”!
Gaza: l’Europe critiquée pour son “hypocrisie” et son "racisme"
La Cour internationale de Justice (CIJ) commence à présenter sa règle consultative concernant les conséquences juridiques découlant des politiques et des pratiques d'Israël dans le territoire palestinien occupé le 19 juillet 2024 à La Haye, aux Pays-Bas. / AA
13 mars 2025

Certains dirigeants européens ne verraient la Cour pénale internationale que comme un outil à utiliser contre l’Afrique, c’est pourquoi certains pays européens refusent d’appliquer le mandat international délivré par la Cour contre Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

Ce n’est pas juste de l’«hypocrisie” mais c’est aussi une forme de “racisme”», a déclaré le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation hier.

Michal Fakhri a, en fait, répondu à une question de l’agence Anadolu lors d’un point presse à Genève. Il citait les propos du procureur de la CPI, Karim Khan. 

“Durant une interview avec Karim Khan au sujet des pressions qu’il a reçu lorsque les mandats d’arrêt (contre Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Gallant) et ce qu’il a expliqué, c’est que de nombreux dirigeants européens ont été pris par surprise parce que, à leurs yeux, cette cour a été créée pour poursuivre les dirigeants africains”.

Il a ajouté que cela allait au-delà de l’hypocrisie ou du deux poids, deux mesures, c’était tout simplement du “racisme”.

“Lorsque des pays européens répètent qu’ils ne vont pas appliquer ces mandats d’arrêt, c’est une forme de racisme et pas seulement une hypocrisie“, a-t-il ajouté.

La Cour pénale internationale basée à La Haye aux Pays-Bas a publié des mandats d’arrêt internationaux, fin novembre 2024, à l’encontre de Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense, Yoav Galant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Des pays comme la France, l’Allemagne et l’Italie ont déclaré qu’ils n'appliqueraient pas les mandats d’arrêt de la CPI.

A cette même question, le rapporteur spécial des Nations unies sur la protection des droits de l’Homme a ajouté : “Cette façon d’appliquer le droit international de manière sélective est dangereuse”.

“C’est dangereux parce que cela envoie un mauvais signal, qui dit, vous n’êtes pas obligés de respecter le droit international. Et cela ne date pas d’hier, on assiste aujourd’hui de plus en plus souvent à un discours du deux poids, deux mesures en droit international”.

Il a insisté sur le fait que ce “danger” allait bien au-delà de la question de Gaza et de la Palestine, selon lui, cela aura des répercussions sur tout le système du droit international

Il a ensuite commenté les récentes décisions du Président américain Donald Trump. “Je pense que nous avons ici un exemple aux Etats-Unis sur la façon dont un vieux système politique, un système basé sur le droit est désintégré devant nos yeux en quelques semaines”. Le droit n’est rien sans le soutien des gouvernements.

Le 6 février, le président Donald Trump a émis un décret qui autorise à geler les avoirs et à interdire l’entrée sur le territoire des représentants de la CPI et tous ceux qui soutiennent la Cour.

Meg Sattherthwaite, la rapporteure spéciale des Nations unies sur l'indépendance des juges et des avocats, a souligné qu’il était important de voir si l’Union européenne utilisera son droit de blocage contre les sanctions américaines envers la CPI.

La Commission européenne peut décider d’utiliser la “loi de blocage”à tout moment pour protéger les acteurs européens, qu’ils soient des particuliers, des entreprises ou des institutions. 

“L'Union européenne a la possibilité d’agir de concert pour activer la loi de blocage, ce statut de protection, sans aller jusqu’à officiellement  soutenir la CPI, mais pour au moins la protéger de ce genre de mesures unilatérales. C’est très important”.

Elle a ajouté en conclusion : “ Je suis entièrement d’accord avec mes collègues qu’il est grand temps de parler du double-standard, du racisme qui y est lié et d’appeler les Etats qui jusqu’ici restaient silencieux à se lever et à soutenir et à faire en sorte que le droit international soit appliqué”.

Lire aussi: Plainte à la CPI contre le ministre israélien des Affaires étrangères


SOURCE:TRT français et agences
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