MAGHREB
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Des Algériens et des Tunisiens en route vers Gaza, des milliers de km pour casser le blocus
Une caravane de 300 voitures doit quitter Tunis le 9 juin prochain pour rejoindre le point de passage vers Rafah et casser le blocus imposé aux Gazaouis. Ils vont rejoindre la Grande marche pour Gaza, une initiative mondiale soutenue par 300 ONG.
Des Algériens et des Tunisiens en route vers Gaza, des milliers de km pour casser le blocus
Depuis 20 mois, les Tunisiens manifestent régulièrement pour protester contre la situation à Gaza, ici à Tunis le 7 avril 2025 / Reuters
6 juin 2025

L’idée est née de ce sentiment de colère face à une guerre génocidaire perpétrée par Israël avec le soutien des pays occidentaux.. 

En Tunisie, les militants pro-palestiniens ont repris l’idée de cette Grande marche pour Gaza lancée au niveau mondial en la transformant en caravane terrestre. Le 9 juin, plusieurs milliers de personnes devraient prendre la route avec la délégation algérienne. Sept mille personnes sont inscrites et attendent le feu vert des autorités des pays traversés. L’ordre des médecins, l’orde des avocats

Le parcours choisi est simple, ils vont suivre la côte, traverser la Libye, rejoindre la délégation libyenne, puis se diriger vers le Caire en Égypte. La caravane rejoindra dans la capitale égyptienne les militants du monde entier qui prennent part à la Grande marche vers Gaza. Les organisateurs tunisiens sont fébriles à quelques jours du départ et surtout étonnés du nombre de personnes prêtes à partir. 

Nabil Channoufi, le porte-parole de la Caravane Assoumoud (résilience) explique à TRT Français que pour l’instant une millier de dossiers sont en cours de traitement pour obtenir une autorisation de passage des différentes autorités. “Nous sommes étonnés du nombre de personnes intéressées, on pensait partir avec une cinquantaine de voitures seulement. Nous voulons casser le blocus, nous ne partons pas avec de l’aide humanitaire, il y a des centaines de camions bloqués au poste-frontière donc ce qu’il faut c’est casser ce blocus. Notre caravane c’est surtout un moyen de pression.”

Nabil Channoufi ajoute que la motivation de tous est de passer un message au peuple de Gaza. “Nous voyons tous ces images de personnes brûlées, de bombardements. Il y a de la colère.” Cet ingénieur en industrie alimentaire raconte les images qui l’ont marqué depuis son enfance, les images des guerres ou attaques perpétrées par l’armée israélienne. “Il faut stopper l’Etat sioniste,” conclut-il. “Les messages qu’on reçoit de familles gazaouies nous motivent, ils nous attendent le 15 juin prochain.”

Cette marche est “historique”, insiste le porte-parole de la Caravane Assoumoud, ce type de manifestation n’avait jamais eu lieu avant en Tunisie.

Une marche pour dénoncer la situation humanitaire

L’initiative de la Tunisie s’inscrit dans une opération plus large intitulée la Marche mondiale vers Gaza lancée en France puis en Suisse par le militant Samuel Crettenand qui est aujourd’hui l’un des porte-paroles de l’initiative.

Pro-palestinien très engagé, il a fait la grève de la faim au début de l’attaque israélienne sur Gaza mais vingt mois plus tard, il cherchait une façon de mobiliser plus largement pour la cause gazaouie. “C’est parti de discussions avec des médecins qui sont revenus de Gaza. Aujourd’hui, la famine est telle que certains meurent de faim. Envoyer de l’argent ne sert à rien, il n’y a plus rien à acheter sur place.”

L'initiative se veut un mouvement citoyen apolitique et sans affiliation religieuse qui milite pour l'accès humanitaire à Gaza par le poste-frontière de Rafah, insistent les organisateurs. Ceci explique peut-être pourquoi en quelques semaines, l’appel à marcher vers Gaza est devenu viral sur les réseaux sociaux. 

“C’est inespéré. Tous les militants pour la paix ou pour la Palestine ne savent plus quoi faire face à la situation, ici, on a l’espoir de faire quelque chose de concret. On ne peut plus attendre une réaction de nos gouvernements occidentaux. On est conscients que ce génocide est “occidental”. On y va pour faire pression sur nos gouvernements qui commercent avec Israël, qui vendent des armes à Israël, qui ne sanctionnent pas Israël”, déplore Samuel Crettenand.  

54 délégations du monde entier le 12 juin au Caire

Des délégations de 54 pays sont attendues, 300 ONG soutiennent le mouvement.  Plus de 3000 personnes sont inscrites à ce jour en dehors du Maghreb dont 300 en Suisse. Les volontaires sont aussi bien des médecins, des étudiants, des ingénieurs, tous les profils sont présents. 

“Notre principale objectif, c’est de faire entrer de l’aide alimentaire dans Gaza et d’obtenir l'ouverture d’un couloir humanitaire permanent et indépendant, sans le contrôle d’Israël.” 

Samuel Crettenand dénonce le travail de la Fondation humanitaire pour Gaza, créée récemment par les Etats-Unis et Israël pour contrôler la distribution de nourriture. Les opérations, lancées le 27 mai dernier, ont connu à chaque fois la mort de Palestiniens tués par des “tirs de sommation” de l’armée israélienne.
Selon le militant suisse, la fondation n’est pas neutre. Elle organise ses distributions de manière à pousser les Gazaouis à migrer vers le sud pour se rapprocher de l’aide. “Pour elle, la nourriture est une arme de guerre.”

Toutes les délégations doivent se retrouver le 12 juin au Caire en Egypte, puis rejoindre la ville du Sinaï, al Arish, pour enfin marcher pendant trois jours vers le poste frontière de Rafah situé à une cinquantaine de kilomètres. Le 15 juin, un grand rassemblement est prévu avec la présence de députés de nombreux pays, notamment certains élus de la France insoumise. 
L’Egypte n’a pas encore donné son feu vert à ce programme.

SOURCE:TRT Français
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