FRANCE
3 min de lecture
​​Gaza: deux snipers franco-israéliens visés par une plainte pour crimes de guerre
Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée auprès de la justice française ce mardi, contre deux ressortissants franco-israéliens, accusés d’avoir participé à des exécutions de civils palestiniens non armés dans la bande de Gaza.
​​Gaza: deux snipers franco-israéliens visés par une plainte pour crimes de guerre
Les deux militaires mis en cause, Sasha A. et Gabriel B. H., appartiennent à une unité d’élite de l’armée israélienne, surnommée “Ghost Unit”. / Reuters
1 juillet 2025

La plainte vise des faits qualifiés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

La démarche judiciaire est portée par six organisations : la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), et trois ONG palestiniennes : Al-Haq, Al-Mezan Center for Human Rights, et le Centre palestinien pour les droits de l’Homme.

Ces associations ont déposé la plainte devant le doyen des juges d’instruction à Paris, avec constitution de partie civile, ce qui permet, en cas d’inaction du parquet, de demander directement la désignation d’un juge d’instruction. 

Si une information judiciaire est ouverte, des investigations pourront être lancées sous l’autorité d’un magistrat indépendant.

En RelationTRT Global - Un réserviste franco-israélien révèle les atrocités commises par l’armée israélienne

La “Ghost Unit”

Les deux militaires mis en cause, Sasha A. et Gabriel B. H., sont accusés d’appartenir à une unité d’élite de l’armée israélienne, le 9e peloton du 202e bataillon de la brigade parachutiste, surnommée “Ghost Unit” (“unité fantôme”). 

Cette formation, composée en majorité de binômes de tireurs d’élite binationaux, aurait été active dans plusieurs secteurs de Gaza, notamment autour de l’hôpital Al-Qods en novembre 2023 et près de l’hôpital Nasser en janvier-février 2024.

Selon l’ONG Al-Mezan, au moins 20 civils palestiniens, dont plusieurs femmes, auraient été tués par des tirs de snipers dans ces zones supposées sécurisées.

La quasi-totalité des faits exposés repose sur un reportage de 38 minutes réalisé par le journaliste palestinien indépendant Younis Tirawi, publié sur la plateforme X en octobre 2024.

Il s’appuie sur des images filmées par des civils gazaouis mais aussi sur des séquences diffusées par les soldats eux-mêmes, notamment sur YouTube, accompagnées de commentaires explicites.

Parmi les témoins, Daniel Raab, un soldat américano-israélien identifié comme membre de la Ghost Unit, y explique que les snipers reçoivent des consignes floues et disposent d’une grande autonomie :

“S’ils sont dans une zone de combat et qu’il s’agit d’hommes en âge de servir, on tire. Pour les femmes et les enfants, cela dépend des ordres, parfois on nous dit oui, parfois non. (…) Au final, c’est à vous de décider. Vous tirez”.

Une autre vidéo montre un sniper revendiquant un tir mortel à 1 260 mètres sur un civil.

Younis Tirawi a également établi un trombinoscope de l’unité, où figurent notamment Sasha A. et Gabriel B. H.

En RelationTRT Global - Gaza: des Franco-Israéliens visés par une enquête pour complicité de génocide

Des dizaines de binationaux impliqués

Depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas contre Israël, plusieurs centaines de binationaux franco-israéliens ont participé aux opérations militaires israéliennes à Gaza. 

En vertu du principe de compétence extraterritoriale, ces ressortissants peuvent faire l’objet de poursuites judiciaires en France si des crimes graves sont suspectés.

Des plaintes similaires ont été déposées en Belgique en décembre 2024, et en Afrique du Sud plusieurs mois auparavant. Des enquêtes sont en cours. D’autres procédures sont annoncées en Allemagne et en Italie, visant également des membres binationaux de la “Ghost Unit”.

En 2024, une plainte contre X pour torture avait été déposée contre un autre soldat franco-israélien, identifié dans une vidéo plaisantant sur la torture de prisonniers gazaouis.

Le Parquet national antiterroriste (PNAT) avait classé l’affaire sans suite, estimant que l’infraction n’était pas caractérisée. Une nouvelle plainte avec constitution de partie civile a été déposée en décembre 2024 pour relancer l’action judiciaire.

Dans l’affaire en cours, les qualifications de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pourraient être retenues par la justice française. 

La décision d’ouvrir une information judiciaire appartient désormais au doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris. Si elle est acceptée, ce dossier pourrait devenir un précédent majeur dans la reconnaissance de la responsabilité pénale de ressortissants français engagés dans des conflits étrangers.

SOURCE:TRT français et agences
Jetez un coup d'œil sur TRT Global. Partagez vos retours !
Contact us