Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a été largement ridiculisé après la fuite de son numéro de téléphone personnel en ligne.

Des pirates informatiques turcs ont obtenu le numéro personnel de Katz, l'ont appelé par vidéo, puis ont publié jeudi une capture d'écran de l'appel avec son numéro de téléphone.

Selon des utilisateurs des réseaux sociaux, Katz a décroché et a essuyé des insultes avant de raccrocher.

La capture d'écran de l'appel s'est rapidement propagée sur les réseaux sociaux.

En quelques heures, des milliers de personnes ont commencé à envoyer des messages au ministre de la Défense.

La possibilité de pirater le numéro d'un haut responsable de la sécurité a ébranlé la croyance en l'invulnérabilité d'Israël, selon l'analyste politique et stratège en communication Klaus Jurgens.

"Israël pensait que ses protocoles de sécurité étaient parfaits… à tort. Chez lui, l'image d'intouchable a disparu. À l'étranger, il est clair qu'Israël peut être pris pour cible si quelqu'un le souhaite", a déclaré Jurgens à TRT World.

L'image de “l'homme de fer” est détruite pour l'instant. Israël va donc probablement renforcer ses technologies antipiratage, tout en reconsidérant le risque d'intrusions internes.

Katz a confirmé plus tard sur X que son téléphone avait été inondé de messages haineux et de menaces du monde entier. "Ils continueront de m'appeler et de me menacer, et je continuerai d'ordonner l'élimination de leurs chefs terroristes", a écrit Katz.

Mais les réponses sous sa publication ont encore davantage tourné en dérision la réponse du ministre.

"Jusqu'à présent, vous, bande de lâches, n'avez réussi qu’à éliminer des dizaines de milliers d'enfants innocents, de travailleurs humanitaires non armés, de personnel médical et de journalistes, car ils ne peuvent pas riposter", a écrit un utilisateur.

Les réactions des Israéliens ont été tout aussi ridicules. Un utilisateur de X a écrit : "Pas besoin de 12 ans d'expérience en cybersécurité pour comprendre que si notre ministre de la Défense clique sur des liens provenant de pirates turcs, nous sommes dans une situation désespérée."

Un autre a ajouté : "Notre pays est tellement défaillant que notre ministre de la Défense reçoit un appel de pirates informatiques turcs non identifiés et répond."

Les médias israéliens ont rapporté qu’après l’incident, Katz a dû désactiver le numéro de téléphone qu’il utilisait depuis des années.

Le flot d’appels frauduleux et de messages haineux a embarrassé le ministre de la Défense, le transformant en une cible de plaisanterie sur les réseaux sociaux.

Failles de sécurité

Ce n’est pas la première fois que des responsables israéliens sont confrontés à des failles de sécurité sur leurs appareils personnels.

En août, des pirates informatiques basés en Iran auraient infiltré le téléphone personnel de l’ancienne ministre de la Justice Ayelet Shaked.

Selon les médias israéliens, les pirates ont obtenu un accès complet après qu’elle a cliqué sur un lien.

Le Shin Bet a confirmé par la suite que le piratage provenait d’Iran.

Jurgens ajoute que la facilité avec laquelle la sécurité israélienne a été contournée pourrait avoir des conséquences plus vastes.

"S’il est si facile de pénétrer les systèmes israéliens, les nations qu’Israël a attaquées illégalement pourraient reconsidérer leur approche en matière de représailles", explique-t-il.

L'embarras public de Katz survient alors que le pays fait face à des critiques croissantes pour son génocide à Gaza, qui a fait environ 65 000 morts, dont 20 000 enfants.

Après la diffusion virale du canular téléphonique, les utilisateurs des réseaux sociaux ont commencé à partager les coordonnées d'autres responsables politiques israéliens impliqués dans le génocide à Gaza.

Des militants ont encouragé les gens à les appeler en guise de protestation, les tenant publiquement responsables de leur rôle dans les violations des droits humains. Parmi les personnes dont les numéros ont circulé figuraient Eli Cohen, Yoav Gallant, David Bitan et Itamar Ben-Gvir.

Quelques heures après l'incident, WhatsApp a commencé à bloquer les comptes des utilisateurs qui avaient partagé les numéros de téléphone de responsables israéliens ou les avaient contactés via l'application.

Un utilisateur turc a écrit sur X : "On dirait que le Mossad a été en contact avec WhatsApp ; ils bloquent les numéros de ceux qui contactent le cabinet israélien. Mieux vaut être prudent."

Cet incident a une fois de plus souligné la manière dont les outils numériques sont devenus un moyen pour les militants d'exiger des comptes, ou à tout le moins de dénoncer les responsables d'injustices.

Jurgens souligne que si les responsables politiques ont droit au respect de leur vie privée, l'incident de Katz est exceptionnel compte tenu du génocide israélien en cours à Gaza.

"Si la communauté internationale, à quelques exceptions louables près, reste silencieuse, c'est un signe positif que ce n'est pas le cas de tout le monde."