FRANCE
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Le chef de la diplomatie française en Algérie, pour un nouveau départ après des mois de tensions
Jean-Noël Barrot est attendu ce dimanche à Alger où il rencontrera son homologue Ahmed Attaf pour "concrétiser" la reprise du dialogue sur les sujets les plus sensibles qui pèsent sur la relation bilatérale, dont la question migratoire.
Le chef de la diplomatie française en Algérie, pour un nouveau départ après des mois de tensions
La visite de Jean-Noël Barrot "vise à détailler un programme de travail bilatéral ambitieux, à en décliner les modalités opérationnelles" / AP
6 avril 2025

La France doit "se saisir" de l'espace diplomatique ouvert par les présidents français et algérien "pour obtenir des résultats" sur les dossiers migratoire, judiciaire, sécuritaire et économique, a expliqué le ministre français devant les parlementaires, cette semaine.

Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont acté lundi, à l'issue d'un entretien téléphonique, le principe d'une relance bilatérale et chargé leurs ministres des Affaires étrangères de donner "rapidement" un nouvel élan aux relations.

Ils mettent ainsi fin à huit mois d'une crise d'une intensité rare qui avait précipité la France et l'Algérie au bord de la rupture diplomatique.

Soutien total de la France à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental bien que pour l'ONU ce territoire n'ait pas de statut défini, refus des autorités algériennes de réadmettre certains de ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français, ou encore condamnation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal que Paris juge "arbitraire" : les motifs de griefs mutuels sont nombreux.  

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Pour autant, il y a désormais une volonté conjointe de reprendre langue pour retrouver une relation apaisée et équilibrée "dans une logique de résultats" et "d'efficacité", insiste-t-on à Paris

La visite de Jean-Noël Barrot "vise à détailler un programme de travail bilatéral ambitieux, à en décliner les modalités opérationnelles", à élaborer des objectifs conjoints et un calendrier de mise en œuvre, a ainsi expliqué, jeudi, Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Pour préparer le voyage de Jean-Noël Barrot, Emmanuel Macron avait réuni, mardi, plusieurs ministres se trouvant en première ligne dans les relations avec l'Algérie

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, partisan d'une ligne dure ces derniers mois, avait alors fait part de son "espoir" qu'Alger applique "strictement" l'accord migratoire bilatéral de 1994, qui "dispose que l'Algérie doit accepter sur son sol les ressortissants algériens" que Paris veut expulser. 

Est d'ores et déjà actée la reprise de contacts en France entre les préfectures et les consulats algériens afin que les demandes de réadmission en voie d'être présentées par les autorités françaises puissent l'être dans les conditions normales.

Concrètement, Paris attend des autorités algériennes qu'elles augmentent leur taux de délivrance des laisser-passer consulaires dans les délais utiles, qui est actuellement de l'ordre de 40%.

L'annonce d'un retour de l'ambassadeur d'Algérie à Paris, rappelé à l'été 2024, signalerait aussi la volonté de dialogue en toute bonne foi.

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Dignitaires et le cas Sansal

A Alger, outre les demandes de réadmission, Jean-Noël Barrot et Ahmed Attaf devraient évoquer l'accord d'exemption réciproque des visas sur les passeports diplomatiques.

Certains dignitaires algériens avaient fait les frais de la crise franco-algérienne, Paris ayant mis en place des mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour ces personnalités.

Pour la diplomatie française, ces restrictions --prises en représailles au refus d'Alger de reprendre ses ressortissants sous le coup d'une expulsion-- ont pesé dans la volonté d'Alger de reprendre le dialogue.

Le cas de Boualem Sansal devrait également être discuté.

Emmanuel Macron a plaidé pour "une issue humanitaire" pour l'écrivain, âgé et malade, détenu depuis mi-novembre et condamné à 5 ans de prison, une décision contre laquelle il a fait appel.

Cette semaine encore, Jean-Noël Barrot estimait que celui-ci était détenu "sans fondement".

Mais le parquet algérien, qui avait requis 10 ans de prison, a fait appel également cette semaine, éloignant la possibilité d'une grâce présidentielle à brève échéance, à moins que les deux parties ne se désistent.

A Alger, Jean-Noël Barrot sera notamment accompagné de Romaric Roignan, le nouveau directeur de la région Afrique du nord et Moyen-Orient du Quai d'Orsay.

Sa visite précède enfin celle de son homologue de la Justice Gérald Darmanin, prévue "prochainement" pour relancer la coopération judiciaire.


SOURCE:TRT français et agences
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