Des sites avec des appels comme “BOYCOTT USA: Achetez Français et Européen !” ou “Comment éviter les produits américains !” foisonnent sur les réseaux sociaux.
Le mouvement a pris racine au Canada, un des premiers pays visés par Trump. Le 1er février, l’ancien Premier ministre, Justin Trudeau, invitait même ses concitoyens à “choisir le Canada” après les hausses de tarifs douaniers et le projet de Donald Trump d’annexer le Canada. Depuis, le mouvement a traversé l’Atlantique.
La tonalité des commentaires des consommateurs expose une vraie colère de voir s’exercer l’impérialisme économique américain. On y décrie l’attitude de Donald Trump qui lance des guerres commerciales à tout-va, insulte l’Europe, lâche l’Ukraine, humilie le président ukrainien dans le bureau ovale durant une diffusion en direct à la télévision.
La hausse des tarifs douaniers imposés aux produits européens n’est qu’un des motifs de cette mobilisation.
Dans l'Hexagone, les marques visées en priorité sont Mcdonalds, Coca Cola et Tesla. Puis viennent les entreprises qui ont financé la campagne de Donald Trump: Airbnb, Paypal, Tesla, Amazon.
Devant l’ampleur de ce phénomène, l’IFOP, l’institut de sondage de l’opinion a publié mardi un sondage dont le résultat montre que deux sondés sur trois (62%) soutiennent la mise au ban des produits et services venus des Etats-Unis.
C’est le signe d’un “rejet de la marque US au sens large”, explique François Kraus de l’Ifop. “Il y a un effet Trump sur l’image des États-Unis qui se traduit par une volonté de sanctionner le pays et ses produits”. L’altercation entre Trump et le président ukrainien Zelinsky a fait l’effet d’un catalyseur.
“Boycott USA ! Achetez Européen !”
Si à Nice, le boycott se passe dans la rue où l’artiste TooLate placarde des appels au boycott devant les magasins des marques américaines, c’est sur les réseaux sociaux que le mouvement est le plus visible.
La page Facebook BOYCOTT USA: Achetez Français et Européen ! a été créé il y a trois semaines et compte près de 25 000 abonnés. Le message d’accueil est très clair. Sur ce site, on appelle à un sursaut européen, “Marre de financer les dérives impérialistes américaines ? Passez à l’action. Ici, on s’organise pour soutenir l’économie française et européenne en boycottant les produits US. Priorité au local, au made in France, au made in Europe et à notre souveraineté économique.”
La plupart des internautes abonnés à ce site insistent sur leur volonté d’être acteur, de ne pas céder à la politique du plus fort. Francis Martin, écrit ainsi un message mi-guide du petit boycotteur, mi-militant. “J’aurais quitté FB pour Mastodon et Whatsapp pour Signal avant fin mars. Messenger, j’arrête. Instagram que je quitte aussi je ne sais pas si je le remplacerai. J’ai arrêté mon abonnement Prime Vidéo et supprimé mon compte Amazon. J’ai supprimé Airbnb de mon folder voyage. Google ça sera moins facile Vs Qwant. Ce n’est pas de l’anti-américanisme mais un boycott à mon échelle du techno-impérialisme que je ne veux pas continuer à enrichir.”
Loïc Planchenault, également actif sur la page Facebook affiche un message un brin plus politique. “SOYONS ACTEUR DE NOTRE ÉCONOMIE. Boycott USA est avant tout citoyen et ensemble nous pouvons dire non à Trump. NON à l’annexion de pays réfractaires à entrer dans les US. NON au partage du monde entre RUSSIE et USA. NON à la main mise sur notre économie par quelques multimilliardaires. OUI à la résistance à une guerre économique déclarée par Trump. OUI à une économie locale, Française et européenne plus forte. REJOIGNEZ LE MOUVEMENT, votre portefeuille est votre bulletin de vote.”
Pour l’Ifop, on assiste aujourd’hui à l’institutionnalisation d’une pratique qui avait jusqu’à présent “un faible ancrage dans le répertoire d’action politique des Français”.
Pas facile de boycotter les USA !
La page pullule aussi de conseils pratico-pratiques pour orienter les consommateurs vers des alternatives à telle marque de lessive X ou de soda.
Certains publient des tableaux avec les marques européennes disponibles pour faire sa lessive ou se brosser les dents. Le secteur des produits d’hygiène est en effet,un vrai casse-tête. Tout le monde utilise l’une de ces marques, Gillette, Colgate, ou Pampers. Le groupe s’organise et publie des listes de produits qui peuvent remplacer ces marques utilisées sans trop se rappeler qu’elles viennent d’outre-atlantique.
On se pose, par exemple, aussi la question sur Doliprane, l’anti-douleur que tous les Français ont dans leur pharmacie. Va-t-il falloir se passer de cette marque rachetée il y a quelques mois par une société américaine ?
Il y enfin les symboles américains comme Starbucks, McDonald's, KFC. L’un des abonnés pose la question qui rend la quête du produit européen encore plus difficile. Certaines de ces sociétés américaines sont implantées en Europe; produisent en Europe et emploient des milliers de personnes dans leurs usines. Quelle est dans ce cas la bonne stratégie ?
Le boycott entre la France et les États-Unis n’est pas une première. Les Américains avaient appelé au boycott des produits français en 2003, au moment de l’opposition de la France à la guerre en Irak. Des députés républicains avaient aussi renommé les french fries (“frites françaises”) en freedom fries (frites de la liberté). Le commerce entre la France et les États-Unis avait alors baissé d’environ -1% à -2% pendant quelques mois (CEPII, Centre d'Études Prospectives et d'Informations Internationales).