Cité par Le Monde, ce vendredi, le musée a indiqué que ces universitaires avaient justifié leur retrait par la participation indirecte d’un programme de recherche de l’Université hébraïque de Jérusalem, qui finançait les frais de déplacement d’une doctorante israélienne.
L’institution évoque diverses motivations : certains chercheurs auraient estimé que leur présence serait perçue comme un soutien implicite au gouvernement israélien, d’autres auraient invoqué une motion interne à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) refusant les partenariats institutionnels sans cautionner pour autant les boycotts académiques. Enfin, plusieurs se seraient désistés sans fournir d’explication.
L’incident a débuté à la mi-juillet avec le retrait d’un premier intervenant, déclenchant une réaction en chaîne. Coorganisatrice du colloque, Liliane Hilaire-Pérez reconnaît une maladresse dans la présentation des documents de communication.
Elle estime qu’avoir mentionné un "soutien" de l’Université hébraïque, alors qu’il ne s’agissait que de la prise en charge d’un billet d’avion, a pu être mal interprété. Selon elle, cette confusion a cristallisé les tensions.
Le colloque, maintenu comme prévu, accueillera néanmoins trois historiens israéliens, dont la médiéviste Elisheva Baumgarten, figure engagée contre le gouvernement israélien actuel.
Elle rappelle que “l’université est l’une des forces les plus importantes contre le gouvernement actuel et contre la guerre”.
La controverse a également trouvé écho dans le milieu politique français.
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a dénoncé les appels au boycott d’artistes, de spectacles, de conférences ou encore les blocages d’établissements et estimé qu’il ne s’agissait plus d’une question d’opinion, mais bien d’une question de justice et de politique pénale.
De son côté, le député LFI Thomas Portes a affirmé que le boycott était bien légitime et constituait, selon lui, l’honneur des universitaires qui l’avaient pratiqué.
Il a souligné que l’on parlait de billets d’avion pris en charge par l’Université hébraïque de Jérusalem, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une simple université mais d’un établissement complice du génocide.
Il a rappelé que, depuis le début de celui-ci, l’université s’était vantée d’avoir fourni “divers équipements logistiques à plusieurs unités militaires” et qu’elle avait aussi instauré immédiatement un “ensemble de mesures financières renforcées” pour les étudiants-soldats impliqués.
Il a également insisté sur le fait que l’Université hébraïque avait entrepris, après 1967, l’extension de ses installations sur le mont Scopus, à Jérusalem-Est — incluant des dortoirs, un village étudiant et un complexe sportif — en violation du droit international.
Il a conclu qu’aucun partenariat ni échange ne pouvait être envisagé avec une université qu’il considérait au service du génocide et de la colonisation.
Dans le contexte de la guerre génocidaire d’Israël à Gaza et de montée des tensions dans les milieux universitaires, le monde académique israélien se trouve plus que jamais écartelé.
Le 28 juillet, plusieurs présidents d’universités israéliennes ont publiquement désavoué les discours prônant la destruction de Gaza, soulignant leur consternation face à la situation humanitaire et politique.
Pour rappel, selon les autorités sanitaires de Gaza, plus de 64 700 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début de leur offensive en octobre 2023, dont la majorité sont des enfants et des femmes, tandis que des centaines de civils ont été abattus dans des zones de distribution d’aide humanitaire ces derniers mois.