Il s’agissait de trois palettes de roulements à rouleaux coniques, fabriqués par la société américaine Timken, dans son usine de Colmar (Haut-Rhin).
Ces pièces étaient destinées à l’entreprise israélienne Ashot Ashkelon Industries, spécialisée dans les systèmes de transmission pour véhicules militaires. Cette société est notamment responsable de la fabrication des systèmes de transmission du char israélien Merkava, utilisés par l’armée israélienne.
Les palettes ont quitté Colmar pour traverser la Belgique, en direction du port d’Anvers où elles devaient être chargées sur un porte-conteneurs de la compagnie MSC à destination du port israélien d’Ashdod.
Départ reporté
Toujours selon De Morgen, The Ditch mais aussi Stop Arming Israel, la révélation de l’affaire par les médias a provoqué un report du départ du navire.
Les roulements sont considérés comme des biens à double usage, c’est-à-dire des équipements pouvant avoir un emploi civil ou militaire.
Ce type de matériel est soumis à une réglementation européenne spécifique qui prévoit un contrôle des exportations mais n’interdit pas leur vente à Israël en l’état actuel du droit.
En Flandre, la législation interdit en principe l’exportation ou le transit de biens militaires susceptibles de renforcer les capacités de l’armée israélienne.
L’ONG belge Vredesactie a signalé le cas aux autorités compétentes (service de Contrôle des Biens Stratégiques, douanes, juge d’instruction), estimant que les contrôles doivent être renforcés.

“Deux tiers du chiffre d’affaires d’Ashot Ashkelon proviennent de contrats avec l’armée israélienne. Il est peu probable que cette livraison n’ait pas de finalité militaire”, a déclaré Hans Lammerant, porte-parole de l’organisation.
En 2023, la France a autorisé, selon les données du ministère français de l’Économie, pour 192 millions d’euros de ventes de biens à double usage vers Israël. Les roulements fabriqués à Colmar s’inscrivent dans ce cadre juridique.
Dans un contexte de conflit à Gaza, la question des exportations françaises vers Israël fait régulièrement l’objet de débats.
Plusieurs enquêtes, dont celles menées par le média d’investigation Disclose, ont documenté des ventes de composants militaires français, comme des pièces pour drones, des maillons pour fusils mitrailleurs, ou des tubes de canons.
Un rapport publié en juin 2025 par l’ONG Stop Arming Israel France recense également des expéditions régulières de matériel militaire français vers Israël, par voie maritime et aérienne.
Cette même ONG a appelé jeudi les travailleurs portuaires à bloquer la cargaison à Anvers, à l’image des actions menées par les dockers du port de Fos-sur-Mer.