Le rapport commence par un rappel des devoirs de la France signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant qui “impose aux États parties de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir la traite d’enfants (article 35) et de les protéger contre toute forme d’exploitation par des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées (article 19).”
Unicef, organisation qui défend les droits des enfants, dénonce l’immobilisme français en la matière. Elle pointe du doigt la réponse exclusivement répressive aux actes de violence commis par des mineurs ainsi que “les systèmes d’exploitation mal appréhendés par les pouvoirs publics.”
“C’est particulièrement le cas lorsque des enfants sont exploités à des fins d’activités criminelles ou délictuelles dans le cadre de la traite”, note l’organisation.
Le résultat est simple, les enfants délinquants sont punis pénalement parce qu’ils participent à des attaques violentes, vendent de la drogue ou tirent sur une cible mais les enquêtes ne cherchent pas à savoir comment ils sont arrivés à ce degré de violence. Il y a pourtant des signes comme le décrochage scolaire ou la dépendance aux drogues. Ces enfants sont aussi bien des migrants mineurs isolés que des enfants français en rupture familiale ou pris dans un cercle vicieux. Le critère de recrutement est leur vulnérabilité.

Des mineurs punis plutôt qu’aidés
Selon la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) de 2023, une victime sur cinq enregistrées en 2023 par la gendarmerie et la police était un enfant (19 %).
Unicef estime que le phénomène est sous-estimé en France. Ainsi en 2023, seules 236 victimes ont été repérées (adultes et enfants confondus) et seulement 52% ont été accompagnées par des associations. En 2022, 68 % des victimes identifiées étaient des enfants. À titre de comparaison, au Royaume Uni, qui s’est doté d’un mécanisme national d’identification et d’orientation des victimes, les statistiques montrent que l’exploitation criminelle est la forme d’exploitation des mineurs la plus fréquemment signalée, devant l’exploitation sexuelle et le travail forcé. En 2024, le Royaume-Uni recensait 2 891 enfants signalés pour exploitation criminelle.
Unicef formule 75 recommendations
L’UNICEF France recommande que le gouvernement français intègre les objectifs issus du droit international et européen dans ses stratégies de prévention de la délinquance, de lutte contre la traite et de lutte contre la criminalité organisée comme par exemple la mise en place et le financement d’un mécanisme national d’identification et d’orientation des victimes de traite des êtres humains.
En janvier 2024, 6 personnes étaient condamnées dans l’affaire des voleurs du Trocadéro. Les six hommes battaient ou droguaient douze enfants pour les obliger à voler les touristes. En décembre 2024, six membres d’un réseau de drogue marseillais était condamnés pour avoir réduit en esclavage deux enfants qui étaient séquestrés lorsqu’ils ne vendaient pas de la drogue pour le compte du réseau. Ces deux affaires ont conduit à l’enquête puis le rapport d’Unicef France.
D’autres faits divers ont choqué l’opinion publique française comme le meurtre d’un chauffeur VTC à Marseille par un jeune garçon de 14 ans embauché comme tueur à gage par un réseau de drogue en octobre 2024.
Dans le même temps, la classe politique française multiplie les discours répressifs. Couvre-feu, jugement en tant qu’adulte et non mineur, comparution immédiate. En juin 2025, une proposition de loi de Gabriel Attal, ancien Premier ministre, allait dans ce sens. Elle prônait notamment la suppression d’un principe fondamental de la justice des mineurs, l’excuse de minorité.
Le Conseil constitutionnel a tranché fin juin, six articles ont été annulés, dont ceux sur la comparution immédiate pour les mineurs, ou la suppression de la prise en compte de l’âge dans le jugement émis.
La majorité gouvernementale à l’Assemblée a d’ores-et-déjà annoncé vouloir déposer une nouvelle proposition de loi pour lutter contre la violence des mineurs.