La guerre israélienne contre Gaza a non seulement détruit des habitations et des hôpitaux, mais a également porté atteinte aux fondements religieux du territoire. Des responsables locaux affirment que des religieux et des églises ont été délibérément ciblés pour affaiblir le tissu social de l'enclave.
Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a indiqué qu'au moins 233 imams, prédicateurs et érudits musulmans, ainsi que 20 chrétiens palestiniens, ont été tués depuis le 7 octobre 2023.
Ismail al-Thawabteh, qui dirige le bureau des médias, a déclaré à l'agence Anadolu que ces meurtres s'inscrivent dans le cadre d'une "campagne systématique visant à réduire au silence les voix religieuses et à démanteler les piliers de la résilience".
"Les religieux jouent un rôle essentiel dans le renforcement de l'identité nationale, l'épanouissement de la foi et la préservation de la cohésion sociale. Leur élimination vise à saper le moral et à étouffer le discours qui dénonce les crimes d'Israël", a-t-il indiqué.
Dignitaires religieux parmi les victimes
Plusieurs figures marquantes de la vie religieuse et universitaire de Gaza figurent parmi les victimes :
Yousef Salama, éminent prédicateur et ancien fonctionnaire du ministère des Waqfs de Gaza, a été tué lors d'une frappe israélienne contre son domicile dans le camp de réfugiés de Maghazi, à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, le 31 décembre 2023.
Wael al-Zard, imam de la mosquée historique Omari de Gaza et professeur d'université, a été tué en octobre 2023 après une frappe aérienne israélienne contre son domicile.
Walid Oweida, membre de l'Union internationale des oulémas musulmans et haut fonctionnaire du ministère des Waqfs de Gaza, a été tué en novembre 2024.
Nael Masran, prédicateur connu pour ses sermons appelant à la persévérance, a été tué avec sa famille à Khan Younis, dans le sud de Gaza, en mai.
Thawabteh a indiqué qu'Israël avait également rasé 828 mosquées et en avait gravement endommagé 167 autres depuis le début de la guerre, privant de nombreux quartiers de lieux de culte.
Les chrétiens aussi attaqués
La petite minorité chrétienne de l'enclave a également subi des attaques directes. Trois églises importantes — l'église orthodoxe Saint-Porphyre, l'église catholique de la Sainte-Famille et l'église évangélique baptiste — ont été bombardées, certaines à plusieurs reprises.
Au moins 20 chrétiens, dont des paroissiens âgés, des femmes et des enfants, ont été tués lors de ces attaques, selon les autorités.
Une frappe israélienne contre l'église de la Sainte-Famille en juillet a tué trois civils et en a blessé neuf autres, dont le prêtre de la paroisse, le père Gabriel Romanelli. En octobre, une attaque israélienne contre l'église Saint-Porphyre a tué 18 fidèles réfugiés dans le bâtiment.
"Ces attaques ne sont pas de simples violations sur le champ de bataille ; ce sont des attaques contre l'histoire et l'identité communes du peuple palestinien", a affirmé Thawabteh, avertissant que cibler le clergé et les lieux de culte constitue une persécution religieuse au regard du droit international.
De nombreuses familles chrétiennes déplacées ont trouvé refuge dans des églises, mais ont dû faire face à de nouveaux bombardements et à de graves pénuries de nourriture et de médicaments, à mesure que le blocus israélien se renforce.
Israël a tué près de 63 000 Palestiniens à Gaza depuis octobre 2023. L'assaut militaire a dévasté l'enclave, qui est menacée de famine.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza.
Israël est également confronté à une affaire de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour sa guerre contre l’enclave.