Taxes américaines : les pays africains se préparent à l'impact
ÉCONOMIE
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Taxes américaines : les pays africains se préparent à l'impactDepuis l'annonce des tarifs douaniers de Trump, les pays africains, en particulier, font face à une situation complexe et difficile, chaque nation adoptant une stratégie unique pour naviguer dans cette tempête commerciale sans précédent.
Les pays africains, en particulier, sont confrontés à une situation complexe et difficile. / Others
8 avril 2025

Le président américain Donald Trump a déclaré qu'il ne reviendrait pas sur ses vastes tarifs douaniers sur les importations en provenance de la plupart des pays du monde, malgré les secousses provoquées sur les marchés financiers, les craintes d'une récession et la perturbation du système commercial mondial.

Alors que Trump affirme que les dirigeants mondiaux sont « prêts à tout pour conclure un accord » avec les États-Unis, ses actions ont laissé de nombreuses nations dans l'incertitude, cherchant à réagir face à cette situation.

Les pays africains, en particulier, se retrouvent dans une situation complexe et difficile, chaque nation adoptant une stratégie unique pour naviguer dans cette tempête commerciale sans précédent.

La politique tarifaire de Trump se caractérise par une approche affirmée, dans laquelle il a déclaré : « Il n'y a pas de discussion à moins qu'ils ne nous versent beaucoup d'argent chaque année », marquant une rupture avec les négociations diplomatiques traditionnelles.

Les États-Unis ont affirmé que plus de 50 pays avaient contacté l'administration Trump pour négocier des accords sur les tarifs, soulignant l'inquiétude généralisée et le potentiel de changements significatifs dans les dynamiques commerciales mondiales.

Mesure du Zimbabwe

Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a pris une mesure audacieuse en annonçant son intention de suspendre tous les tarifs sur les importations américaines afin de stimuler les importations américaines et de promouvoir les exportations zimbabwéennes vers les États-Unis. Dans le cadre de la nouvelle politique de Trump, le Zimbabwe fait face à une augmentation tarifaire de 18 %.

« Cette mesure vise à faciliter l'expansion des importations américaines sur le marché zimbabwéen tout en promouvant la croissance des exportations zimbabwéennes destinées aux États-Unis. Cette action souligne notre engagement envers un cadre de commerce équitable et une coopération bilatérale renforcée », a déclaré Mnangagwa dans son annonce sur X.

Le Lesotho dépêche une mission aux États-Unis

Pour le Lesotho, la situation est particulièrement précaire. Avec une part importante (45 %) de ses exportations, principalement des textiles, destinées aux États-Unis, le pays fait face à un tarif commercial réciproque de 50 %. Ce chiffre alarmant menace de réduire de moitié la capacité d'exportation du Lesotho.

Le ministre du Commerce, Mokhethi Shelile, a réuni une délégation pour engager des discussions directes avec les États-Unis dans une tentative désespérée d'atténuer les conséquences économiques potentielles. Les chiffres sont éloquents : les exportations du Lesotho vers les États-Unis ont atteint 237 millions de dollars en 2024, représentant plus d'un dixième de son PIB total. Les nouveaux tarifs jettent une ombre sur la stabilité économique de la nation.

L'approche prudente de l'Afrique du Sud

L'Afrique du Sud, un acteur majeur sur le continent africain, adopte une approche plus mesurée. Plutôt que de riposter immédiatement, le pays privilégiera les négociations pour obtenir des exemptions et des accords de quotas favorables.

« Ils ont imposé des tarifs, et nous examinons l'impact de ces tarifs sur nous, et… nous serons en mesure de définir notre position », a déclaré Ramaphosa à des journalistes locaux lors d'un événement du parti politique ANC dimanche.

Le tarif de 31 % sur les produits sud-africains exportés vers les États-Unis suscite des inquiétudes quant à la perte des avantages prévus par l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) – une initiative qui exempte certains pays africains de taxes américaines sur certains produits.

Madagascar fait face à un tarif de 47 % sur ses exportations de vanille, de métaux et de vêtements vers les États-Unis, qui s'élèvent à 733 millions de dollars.

Le gouvernement malgache engage des discussions avec les États-Unis par le biais de mécanismes diplomatiques et commerciaux, cherchant à obtenir une révision des tarifs. Alors que la situation évolue, les pays africains sont contraints de diversifier leurs marchés d'exportation et d'explorer de nouvelles opportunités.

Antananarivo poursuit activement des canaux diplomatiques et commerciaux pour demander une révision de ces tarifs, mettant en lumière les perturbations généralisées et les tensions économiques causées par le nouveau paysage commercial.

Le réveil du Nigeria

La ministre nigériane de l'Industrie, du Commerce et de l'Investissement, Jumoke Oduwole, a reconnu l’impact des tarifs, déclarant que la nation « considère les États-Unis comme un partenaire commercial et d'investissement précieux, lié par des valeurs partagées et des intérêts économiques mutuels ».

Cependant, la sortie d’Oduwole a également souligné les enseignements positifs potentiels de cette annonce, appelant les nations africaines à développer pleinement le commerce intra-africain.

« Cela souligne également pour l'Afrique – et pour le Nigeria en particulier – l'urgence de renforcer le commerce intra-africain par le biais de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), renforçant ainsi la nécessité d'une mise en œuvre accélérée de la ZLECAf par le Nigeria, approfondissant l'intégration régionale et exploitant des cadres tels que le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) pour réduire les coûts commerciaux et promouvoir le commerce intra-africain », a expliqué Oduwole.

Appel à la diversification

L'imposition des tarifs américains a servi de rappel brutal des vulnérabilités associées à une forte dépendance à un seul marché d'exportation.

Les nations africaines sont désormais contraintes de diversifier agressivement leurs relations commerciales et d'explorer de nouvelles opportunités.

Les analystes affirment que ce changement stratégique n'est pas simplement une mesure réactive, mais une étape proactive vers la construction d'économies plus résilientes et durables.

Les résultats de ces efforts auront des implications profondes pour l'avenir économique de ces nations.

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SOURCE:TRT Afrika Français
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