Cette décision a été prise par l’unité du FBI chargée du traitement des demandes d’accès à l’information, conformément aux exemptions prévues par la loi Freedom of Information Act (FOIA).
Selon plusieurs sources proches du dossier citées par un journaliste américain spécialiste du Freedom of Information Act, les documents en question faisaient partie d’un vaste ensemble d’archives accumulées par le FBI sur plus de deux décennies dans le cadre de son enquête sur Epstein, condamné pour délits sexuels, puis inculpé en 2019 pour trafic sexuel de mineurs avant de mourir en détention.

Les sources indiquent que le nom de Donald Trump apparaît à plusieurs reprises dans les dossiers consultés. Cependant, sa mention – tout comme celle d’autres personnalités de haut niveau – ne constitue ni une preuve de crime, ni une présomption de faute.
Le nom de Trump figurait déjà dans des documents antérieurement rendus publics, notamment dans le “carnet noir” de Jeffrey Epstein, un annuaire contenant des centaines de noms, dont ceux de personnalités politiques, économiques, culturelles ou médiatiques.
Ce carnet avait été diffusé en 2021, lors du procès de Ghislaine Maxwell, la compagne et complice d’Epstein.
“Atteinte à la vie privée”
Pour justifier la censure de ces noms, les agents du FBI ont appliqué deux exemptions courantes de la loi FOIA qui protègent les individus contre une atteinte injustifiée à la vie privée et les informations personnelles contenues dans des dossiers d’enquêtes pénales, dès lors que leur divulgation “pourrait raisonnablement être considérée comme une atteinte injustifiée à la vie privée”.
Dans le cas précis, les responsables du FBI ont estimé que Donald Trump, en tant que citoyen privé au moment de l’ouverture de l’enquête fédérale en 2006, bénéficiait de la protection de ces dispositions.
Interrogée sur la censure du nom de Trump, la Maison Blanche a refusé de commenter, renvoyant les questions vers le FBI.
De son côté, le FBI s’est abstenu de toute déclaration, tandis que le ministère de la Justice n’a pas répondu aux sollicitations répétées de plusieurs journalistes.
Bien que la censure du nom d’un ancien président puisse surprendre, cette pratique est en réalité fréquente. Les agences gouvernementales américaines invoquent régulièrement des exemptions de confidentialité, même lorsqu’il s’agit de personnalités publiques.
Par exemple, en 2016, un journaliste avait demandé les dossiers du FBI concernant Donald Trump avant sa candidature à la présidence. L’agence avait alors refusé de confirmer l’existence de tels dossiers, invoquant les mêmes deux exemptions de vie privée.
Le journaliste avait dû modifier sa requête pour la concentrer sur les entreprises de Trump afin d’obtenir des informations exploitables.

Mécontentement dans le camp MAGA
La censure du nom de Donald Trump dans les dossiers Epstein intervient dans un contexte où cette affaire continue d’alimenter les théories du complot, notamment dans les milieux pro-Trump.
L’ancien président avait lui-même promis en 2023, lors de sa campagne, de “déclassifier” tous les documents liés à Epstein s’il revenait au pouvoir.
Un événement à la Maison Blanche en février 2025, organisé par l’ancienne procureure générale Pam Bondi, avait été présenté comme le lancement d’une “première phase” de déclassification des dossiers.
Toutefois, les documents remis — notamment à des influenceurs proches de la mouvance d’extrême droite — étaient pour la plupart déjà disponibles et n’ont pas révélé d’éléments nouveaux.
Le mécontentement des partisans de Trump s’était alors accentué, certains dénonçant des rétentions d’informations de la part du FBI.
Elon Musk, après sa brouille avec le président américain, avait été jusqu’à dire que si ce dernier ne révélait pas les documents Epstein “c’est parce qu’il est lui même dedans”, tandis que Bondi avait alors écrit une lettre au directeur du FBI pour exiger la transmission de l’intégralité des dossiers.
Récemment encore, le Wall Street Journal a révélé qu’une lettre de Trump figurait dans un album commémoratif réalisé pour les 50 ans d’Epstein. Ce souvenir relié en cuir aurait été compilé en 2003 par Ghislaine Maxwell, aujourd’hui condamnée pour trafic sexuel de mineurs.
Dans ce climat politique tendu et marqué par une forte méfiance envers les institutions, il semble que la censure du nom de Donald Trump dans les documents liés à Jeffrey Epstein, va continuer à faire couler beaucoup d’encre et à diviser le camp MAGA.