MOYEN-ORIENT
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Israël: les paradoxes d’une économie de guerre
Le gouvernement israélien s’appuie sur la guerre pour promouvoir son économie, une stratégie risquée, malgré le rayonnement du secteur financier, met en garde Standard and Poor’s.
Israël: les paradoxes d’une économie de guerre
Une vue du stand israélien au Salon du Bourget. / REUTERS
4 août 2025

Les analystes économiques du Moyen-Orient mettent en avant le paradoxe actuel de l'économie israélienne. Alors que la facture de l’implication de Tel-Aviv dans les principaux foyers de tension de la région( Gaza, Liban, Syrie, Yémen, Iran) apparaît comme un goulot d'étranglement économique, le secteur financier affiche des résultats inattendus.

“Les principaux indices israéliens enregistrent une hausse de près de 30 % en dollars au cours de l’année, surpassant celui des grandes places financières mondiales”, analyse The Times of Israël. Ce média fait référence notamment à la “hausse de 25 % du S&P 500 et de 15 % du Dow Jones Industrial Average aux États-Unis, ainsi que celle de 19 % de l’indice MSCI World et de 7,8 % de l’indice FTSE-100 au Royaume-Uni”.

Cette “hausse presque continue, malgré les soubresauts des guerres menées par Israël dans la région, s'élève même à +76 % depuis le début de celles-ci en octobre 2023”, renchérit le média économique français La Tribune.

8,8 % du PIB aux dépenses militaires

A l’analyse, il apparaît que l’industrie de la Défense est au cœur de la hausse soutenue des indices financiers israéliens. 

“Les dépenses militaires d’Israël ont bondi de 65 % pour atteindre 46,5 milliards de dollars en 2024 - la plus forte augmentation annuelle depuis la guerre des Six Jours en 1967 - tandis que le pays poursuivait sa guerre à Gaza et intensifiait le conflit avec le Hezbollah au sud du Liban”, analyse l’Institut international pour la paix de Stockholm dans son dernier rapport publié le 28 avril 2025. La même étude précise qu'Israël consacre en effet 8,8 % de son PIB aux dépenses militaires,”le deuxième plus élevé au monde” après les Etats-Unis. 

De quoi attirer les investisseurs car, explique à la Tribune Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez le gestionnaire d’actif Pictet AM: “Les investisseurs jouent sur le fait que les entreprises de défense vont bénéficier de commandes publiques sur le très très long terme”.
Déjà 2,4 milliards d’investissements de particuliers

Du reste, au premier semestre 2025, les investisseurs particuliers israéliens ont injecté environ 8,2 milliards de shekels ( un peu plus de 2,4 milliards de dollars) dans les marchés boursiers locaux, selon les données de la Bourse de Tel Aviv, précise The Times of Israel. 

De leur côté, les étrangers ont injecté quelque 9,6 milliards de shekels ( 2,817 milliards de dollars) sur le marché israélien, contre 3,9 milliards au second semestre 2024.

En utilisant notamment Gaza comme champ d'expérimentation de ses armes, Israël a réussi ainsi à placer l’industrie de la guerre au centre de sa vie économique. La compagnie Rafael Advanced Defense Systems qui dépend du ministère de la Défense se targue sur son site internet d'être “le plus grand employeur du nord d'Israël avec environ 7 000 employés et de nombreux sous-traitants et fournisseurs de services”. “Rafael est la deuxième plus grande société de défense d'Israël, avec des ventes de 2018 milliards de dollars en 2015, un arriéré de commandes de 4 959 milliards de dollars et un bénéfice net de 118 millions de dollars”.

Toutefois met en garde Yaniv Pagot, responsable des transactions à la bourse de Tel Aviv, cité par The Times of Israël, “(...) si les négociations sur un cessez-le-feu ( à Gaza, ndlr) s’enlisent et que la guerre se prolonge, les marchés pourraient marquer le pas, voire reculer”. 

L’agence de notation Standard and Poor's a du reste dégradé la note de crédit d’Israël à deux reprises en 2024, précisant, dans son dernier rapport datant de mai, qu’une nouvelle dégradation était possible dans les 24 prochains mois, si les conflits militaires israéliens “entravent la croissance économique, la situation budgétaire et la balance des paiements du pays plus que nous ne le prévoyons actuellement”.

Lire aussi: Salon du Bourget: les entreprises israéliennes interdites par le gouvernement françai

SOURCE:TRT Français
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