En présentant son plan budgétaire aux députés français mardi dernier, le Premier ministre François Bayrou semble avoir émis une hypothèque sur son avenir à la tête du gouvernement. C’est le moins que l’on puisse dire au regard des réactions mitigées.
De l'extrême droite à LFI en passant par les socialistes, le plan budgétaire de Bayrou qui ambitionne de ramener le déficit budgétaire de 5,8% à 2,9% du PIB d’ici 2029 au prix de certains acquis sociaux, fait grincer des dents.
“Le plan du Premier ministre est injuste et déséquilibré.” a souligné l’ancien président François Hollande, dans Le Monde de ce jeudi. “Injuste, parce que les sacrifices sont exclusivement adressés aux ménages, qu’il s’agisse des salariés, des assurés sociaux, des retraités, des familles, etc., a-t-il poursuivi. Tous sont appelés à contribuer d’une façon ou d’une autre quand rien n’est demandé aux entreprises et aux hauts patrimoines.
Pour François Hollande, “le budget, même rectifié, ne deviendra pas plus “votable” pour les socialistes, mais si le gouvernement veut écarter le risque de la censure, il doit le réviser profondément. Il doit bouger et chercher des compromis.”.
L’ancien président français partage ainsi la déception du Premier secrétaire du PS. Mardi sur BFM, Olivier Faure affirmait que: “Sur les bases actuelles, la seule perspective possible, c’est la censure”, sans fermer pour autant la porte à la discussion.
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a dénoncé une "provocation", rejetant l'idée de supprimer deux jours fériés, dont le lundi de Pâques.
"La suppression de deux jours fériés, par ailleurs aussi chargés de sens que le lundi de Pâques et le 8 mai, est une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail. Aucun député RN n’acceptera cette mesure", a-t-il dit sur X.
De son côté, le chef de file de la France Insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, a déclaré sur X qu'"il faut faire partir Bayrou" et que les "les injustices ne doivent plus être acceptées".
“L'austérité détruit l'économie” a renchérit Manuel Bompard, le coordinateur national de LFI sur LCI. “Il faut sortir de ce cercle vicieux”, a-t-il insisté.
A contrario, ce plan budgétaire de Bayrou est relativement bien accueilli à droite. Il a “le mérite de chercher des solutions” mais doit être “corrigé et amélioré”, a déclaré, mercredi, le chef des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez. “Ce plan recourt de façon importante à des augmentations d’impôts (…) et pèse fortement sur la France qui travaille”, a-t-il déploré lors d’une conférence de presse. Il propose “ un plan de lutte contre l’assistanat”, en plus “plus loin sur la limitation des dépenses et le train de vie de l’Etat” et de “s’attaquer aux dépenses indues liées à l’immigration”.
De son côté, le monde syndical organise déjà la riposte. Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a souligné une “ vision paresseuse, passéiste ”, lors d’une émission interactive sur France Inter. Elle soutient que “le monde du travail ne peut pas accepter le budget tel qu’il a été présenté”. “On a besoin de réponses justes, elles ne le sont pas”, a-t-elle ajouté, tout en laissant la porte ouverte aux négociations. En cas d'incompréhension, elle n'écarte pas la piste de la “mobilisation” “fin août ou début septembre”, en réponse à un auditeur qui l'encourage à déclencher une grève générale.
Même son de cloche à la CGT. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, souligne des “reculs inacceptables” pour les jeunes, les travailleurs, les retraités et les chômeurs. Elle invite à la mobilisation à la rentrée. “La CGT va tout faire pour empêcher ces régressions sociales, pour empêcher qu’elles entrent en vigueur”, s’est engagée Sophie Binet.
La rentrée s’annonce mouvementée pour François Bayrou qui semble avoir fédéré contre lui: le PS, autant que LFI, l'extrême droite, et le mouvement syndical.
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