Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné la guerre qu'Israël mène actuellement contre Gaza, qualifiant le silence mondial sur ces atrocités d'”effondrement moral” et réaffirmant le soutien indéfectible de la Turquie au peuple palestinien.
“Défendre la cause palestinienne, ce n'est pas seulement se tenir aux côtés d'un peuple opprimé”, a affirmé M. Erdogan vendredi lors d'une réunion d'un groupe de Parlements soutenant la Palestine à Istanbul, en Turquie.
“Il s'agit de défendre l'humanité, la paix et la justice”, a-t-il ajouté.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 51 000 Palestiniens ont été tués par les attaques israéliennes sur Gaza, selon le ministère palestinien de la Santé.
M. Erdogan a qualifié ces attaques de "frénésie de violence", accusant le gouvernement israélien de tuer aveuglément des civils, notamment des enfants, des femmes, des personnes âgées et même des nourrissons.
"Des journalistes sont tués alors que les médias internationaux restent silencieux. Des enfants sont massacrés alors que les défenseurs des droits de l'homme observent en silence", a-t-il souligné.
L'Occident a joué les trois singes
M. Erdogan a critiqué les puissances occidentales pour ce qu'il a qualifié “d'inaction hypocrite”.
"Ceux qui se sont longtemps vantés de leur engagement en faveur de la liberté, des droits, de la législation et de la liberté de la presse jouent les trois singes depuis 18 mois face à la politique de massacre d'Israël", a-t-il dénoncé.
Il s'est interrogé sur la politique de deux poids, deux mesures des pays prompts à imposer des sanctions ailleurs mais silencieux dans cette crise: "Les États occidentaux, qui sortent l'arme des sanctions même pour des incidents mineurs, je vous le demande: où en êtes-vous lorsqu'il s'agit d'Israël?
Un ordre mondial qui ignore les opprimés servira les oppresseurs
"Un ordre mondial qui ne soutient pas les opprimés est voué à devenir le jouet des tyrans", a averti M. Erdogan, soulignant l'incapacité des institutions internationales à faire respecter l'obligation de rendre des comptes dans la bande de Gaza.
Il a également fait part de sa profonde déception à l'égard du monde musulman: "Cela me fait mal de le dire - et mon cœur saigne - mais le monde islamique n'a pas su assumer ses responsabilités."
Des journalistes exécutés, des familles anéanties
En avril 2024, au moins 212 journalistes et professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début du conflit, ce qui en fait la période la plus meurtrière pour les journalistes de l'histoire moderne, selon le président turc.
"Il y a quelques jours à peine, une journaliste a été martyrisée avec les dix membres de sa famille - exécutés pour avoir dit la vérité”, a-t-il rappelé, déplorant l'état du droit international: "Il a cessé de servir la justice. Il est devenu un outil pour renforcer le pouvoir des plus forts.”
La famine comme arme, la résistance qualifiée de terroriste
Israël a considérablement restreint l'aide humanitaire à Gaza, ce qui a conduit les Nations unies et les groupes humanitaires à mettre en garde contre une famine imminente. M. Erdoğan a accusé Israël de faire de la faim une arme: "Pour ceux qu'ils ne peuvent pas tuer avec des bombes, ils leur coupent les vivres, l'eau et les médicaments. Il s'agit d'une campagne systématique d'extermination."
Il a condamné l'assimilation de la résistance palestinienne au terrorisme: "Ceux qui sont restés silencieux pendant que les Palestiniens se faisaient massacrer qualifient aujourd'hui la résistance de Gaza de terrorisme, tentant ainsi de normaliser le génocide."
Le Moyen-Orient en flammes, le monde en danger
M. Erdoğan a également condamné l'expansion des opérations militaires israéliennes visant la Syrie et le Liban, avertissant qu'une telle escalade menaçait d'engloutir la région dans un conflit plus vaste.
"Les attaques contre la Syrie et le Liban révèlent que le gouvernement de Netanyahou ne veut ni la paix ni la stabilité au Moyen-Orient”, a-t-il assuré.
"Cette folie, qui menace et perturbe l'ensemble de la région, doit cesser immédiatement", a-t-il ajouté. “Sinon, ce feu consumera bientôt ceux qui l'attisent.”
Nous nous tiendrons aux côtés de la Palestine, même seuls".
M. Erdogan a rejeté toute proposition visant à déplacer les Palestiniens de leur patrie historique: "Quelle que soit la manière dont elle est présentée, toute offre visant à exiler les Palestiniens des terres sur lesquelles ils vivent depuis des milliers d'années n'a pas de sens pour nous."
La Turquie, a-t-il réaffirmé, ne reculera pas: "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les Palestiniens à vivre librement dans leur patrie. Même si nous restons seuls, nous continuerons à défendre la cause palestinienne."