La justice française a émis des mandats d'arrêt contre l'ancien dirigeant du régime syrien Bachar al-Assad et six anciens hauts responsables syriens pour les meurtres de journalistes à Homs en 2012, a annoncé mardi la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).
"Les juges d'instruction de la Brigade des crimes de guerre française ont émis des mandats d'arrêt contre sept anciens hauts responsables syriens, dont le président déchu Bachar al-Assad", a écrit la FIDH dans un communiqué.
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Assad et six autres responsables sont accusés de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité visant les journalistes français et internationaux Rémi Ochlik, Edith Bouvier, Marie Colvin et Paul Conroy, ainsi que leur interprète Wael al-Oma, tous tués ou grièvement blessés lors de l'attaque d'un centre de presse informel à Homs, en Syrie, en 2012.
"L'émission de ces sept mandats d'arrêt constitue une étape décisive qui ouvre la voie à un procès en France pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par le régime de Bachar el-Assad contre Rémi Ochlik et ses collègues journalistes qui se trouvaient dans le centre de presse informel de Bab Amr en février 2012", a déclaré Maître Clémence Bectarte, avocate de la FIDH.
Mazen Darwish, avocat et directeur général du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM), a également indiqué que l'enquête judiciaire avait établi que l'attaque contre le centre de presse s'inscrivait dans "l'intention explicite du régime syrien de cibler les journalistes étrangers afin de limiter la couverture médiatique de ses crimes et de les contraindre à quitter la ville et le pays".
La FIDH a ajouté que les autorités françaises ont émis à ce jour 21 mandats d'arrêt contre de hauts responsables syriens, dont trois visant Assad.
Pour rappel, le Parquet national antiterroriste avait déjà requis en juillet un mandat d’arrêt international contre Bachar Al-Assad pour les attaques chimiques de 2013. Mais la Cour de cassation avait confirmé l’immunité personnelle des chefs d’État en exercice, invalidant un précédent mandat.
L’émission de ces mandats ne garantit pas leur exécution, mais elle représente un jalon judiciaire important, selon la presse française.
Al-Assad, qui a dirigé la Syrie depuis près de 25 ans, a fui en Russie après que des groupes anti-régime ont pris le contrôle de Damas le 8 décembre, mettant fin au régime du parti Baath, au pouvoir depuis 1963.
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