La France continue de hausser le ton face aux exactions commises par Israël à Gaza et en Cisjordanie occupée, tandis que l’annonce de la reconnaissance prochaine de l’État de Palestine ne cesse d’attiser la fureur de Tel-Aviv.
Ce mardi, Emmanuel Macron a réaffirmé qu’“aucune offensive, tentative d’annexion ou déplacement de population n’enrayera la dynamique de reconnaissance de l’État palestinien”.

Des propos qui ont immédiatement suscité la colère d’Israël, qui accuse le président français de “saper la stabilité” du Proche-Orient.
“Macron tente d’intervenir de l’extérieur dans un conflit auquel il n’est pas partie, d’une manière complètement déconnectée de la réalité du terrain après le 7 octobre”, a écrit sur X le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.
Cette escalade verbale s’inscrit dans la continuité d’échanges tendus entre Paris et Tel-Aviv ces derniers mois, depuis la reconnaissance prochaine annoncée de l’État de Palestine par la France.
Quelques semaines plus tôt, aussi surréaliste que cela puisse paraître, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait accusé le président français d’”alimenter le feu antisémite” contre les Juifs de France, en envisageant de reconnaître l’État palestinien. Une accusation que l’Élysée avait qualifié de “manipulation” et d’“abjecte”.
Reconnaissance mais pas de sanctions
S’il est indéniable que la décision française de reconnaître la Palestine est un geste fort qui a encouragé d’autres pays à faire de même, elle demeure toutefois incomplète.
À ce jour, malgré les décisions de la Cour Internationale de Justice (CIJ), Paris n’a toujours pas qualifié les massacres à Gaza de “génocide” et n’a adopté aucune sanction contre Israël : ni embargo sur les armes, ni mesures économiques ou commerciales.
Une position qui tranche nettement avec celle de pays comme la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou encore la Suède, qui ont imposé des restrictions, notamment l’interdiction de l’exportation et du transit de matériel militaire vers Israël. Certains de ces pays n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier les massacres à Gaza de génocide.
Cette contradiction française n’échappe pas aux juristes. L’Association des juristes français pour le respect du droit international (Jurdi) a saisi, ce mardi, le tribunal administratif de Paris, accusant l’État de manquements à son obligation de prévention du crime de génocide.
En tant que signataire de la Convention du 9 décembre 1948, la France est tenue, selon l’association, de prendre des mesures concrètes pour prévenir ce crime.
Jurdi demande à la justice d’ordonner au gouvernement d’agir vis-à-vis d’Israël, sous peine d’une astreinte quotidienne de 10 000 euros, et réclame un euro symbolique au titre du préjudice moral.
Elle met notamment en cause les livraisons d’armes françaises à Israël, présentées par les autorités comme strictement “défensives”.
“En dépit du risque sérieux et avéré de génocide dans la bande de Gaza, l’État français a manqué à son obligation de mettre en œuvre les mesures de prévention qui étaient à sa portée”, estime l’association, précisant que ses précédents courriers adressés aux autorités sont restés sans réponse.
L'Afrique du Sud avait été le premier Etat à initier dès décembre 2023 une action devant la Cour internationale de justice (CIJ) en invoquant un "génocide", rapidement rejointe par plusieurs autres Etats.
Le mois suivant, la CIJ avait sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l'accès de l'aide humanitaire à Gaza.
Mais durant tout ce temps, alors que de nombreux pays prenaient position, la France est restée aux abonnés absents et persiste à l’être, en refusant d’adopter des sanctions contre Israël et de reconnaître le génocide en cours à Gaza — une posture qui ternit le geste symbolique de la reconnaissance de l’État palestinien.
