L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin s’est prononcé ce dimanche sur la problématique de l'abrogation d'une loi française en faveur de la réintroduction de l'acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe jusqu'en 2033.
“Un autre chemin est possible. Nous avons le pouvoir de dire non. Mais pour cela, il nous faut des responsables politiques à la hauteur de leur devoir historique”, soutient l’ancien Premier ministre sous Jacques Chirac, par ailleurs promoteur du parti politique La France humaniste, depuis fin juin.
“Alors que la droite s’allie à l’extrême droite, il nous faut, plus que jamais, entendre l’aspiration légitime de millions de nos concitoyens”, a publié, sur X, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac ce dimanche. La pétition, lancée le 10 juillet par une étudiante, a recueilli près de 700.000 signatures, dépassant le seuil du demi-million nécessaire pour la tenue d’un débat parlementaire. “Non à la loi Duplomb, adoptée sans réflexion et sans concertation”, a-t-il ajouté.
“Un autre chemin est possible. Nous avons le pouvoir de dire non. Mais pour cela, il nous faut des responsables politiques à la hauteur de leur devoir historique”, insiste Dominique de Villepin. “Monsieur le président de la République, vous avez le pouvoir de ne pas promulguer cette loi. Il en va de la souveraineté de notre modèle agricole. Il en va de la protection de notre environnement. Il en va de la santé de tous les Français”, plaide-t-il
La pétition initiée le 10 juillet par Eléonore Pattery, étudiante en master de 23 ans, a suscité un engouement inédit. A ce jour, elle a déjà recueilli 600 000 signatures.
La loi "est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire", écrit l'étudiante qui se présente comme "future professionnelle de la santé environnementale".
Le collectif Cancer Colère, mobilisé contre cette loi, a salué cette pétition, "une première étape".
"Soit on choisit une transition écologique majeure soutenue par l'Etat, soit la France devient empoisonnée à perpétuité et devient championne du monde des cancers+", a affirmé la porte-parole du collectif, Fleur Breteau, âgée de 50 ans et soignée pour un cancer.
La loi, qui avait été réclamée par deux importants syndicats agricoles, avait été présentée par le gouvernement comme "un grand pas pour la reconquête de notre souveraineté alimentaire".
La gauche et les écologistes s'y étaient frontalement opposés.
Le 11 juillet, les députés de gauche ont saisi le Conseil constitutionnel, institution chargée de contrôler la conformité des lois, estimant ce texte incompatible avec la préservation de l'environnement et le droit à la santé.
Pour la réintroduction de l'acétamipride
L'acétamipride est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre "un tueur d'abeilles".
"Voulez-vous, oui ou non, une agriculture souveraine en France?", a réagi, samedi, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, premier syndicat agricole français, dans une déclaration transmise à la presse.

Pour lui, "le choix est clair : faire le pari d'une agriculture française avec des normes équivalentes aux pays européens pour que nous puissions nous en sortir, ou alors imposer des normes supérieures et notre agriculture disparaîtra".
A partir de 500.000 signatures issues d'au moins 30 départements ou collectivités d'outre-mer français, une instance de l'Assemblée nationale peut décider d'organiser un débat en séance publique. Mais seule la pétition sera débattue, la loi ne sera pas réexaminée sur le fond et encore moins éventuellement abrogée.
En France, aucune pétition n'a jamais été débattue à l'Assemblée nationale dans l'histoire récente.
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