Vendredi, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a critiqué la stratégie diplomatique de la France face à l’Algérie, après la condamnation en appel de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis plus de sept mois.
Dans un entretien accordé au Figaro, il a estimé que “la diplomatie des bons sentiments a échoué” et a appelé à un changement de cap dans les relations avec Alger.
Boualem Sansal a été condamné en appel à cinq ans de prison en Algérie. Il n’a pas bénéficié d’une grâce présidentielle de la part du chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune, malgré les appels en ce sens émanant de plusieurs responsables français.
En réaction aux propos de Bruno Retailleau, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a réagi sur le réseau social X. Sans citer directement le ministre de l’Intérieur, il a déclaré : “Il n’y a ni diplomatie des bons sentiments, ni diplomatie du ressentiment. Il y a juste la diplomatie”.
Bruno Retailleau, qui s’était exprimé avec prudence lors du procès en appel de Sansal, affirmant ne vouloir “gâcher aucune chance” de libération, a expliqué ce vendredi avoir gardé le silence pendant plusieurs semaines pour ne pas compromettre les négociations.
“Mais force est de constater qu’aujourd’hui, il faut essayer autre chose, revenir à la fermeté, se recentrer sur la défense de nos intérêts”, a-t-il déclaré. Il a également affirmé que le régime algérien “cherche à nous humilier”.
D'autres dossiers compliquent les relations entre la France et l’Algérie, notamment l’emprisonnement du journaliste indépendant Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison pour “apologie du terrorisme”.

En mai dernier, Paris a annoncé que les détenteurs de passeports diplomatiques algériens devront désormais faire une demande de visa pour entrer en France, une décision qui a suscité la colère d’Alger.
Les tensions diplomatiques se sont traduites par des expulsions mutuelles de diplomates dans les dernières semaines. La France a convoqué le chargé d’affaires algérien à Paris pour protester contre une décision jugée “injustifiée et injustifiable” et a promis des mesures de réciprocité.
Enfin, Bruno Retailleau a réaffirmé sa volonté de remettre en cause l’accord migratoire franco-algérien signé en 1968, souhaitant que la France en “sorte” pour adapter sa politique migratoire aux nouveaux enjeux.