L’annonce du renvoi en correctionnelle a suscité une onde de choc dans la classe politique, ravivant le débat sur l’exemplarité des membres du gouvernement. Malgré la gravité des accusations, la ministre a immédiatement fait appel de cette décision et exclut toute démission.
Une ministre sous pression, des réactions contradictoires
Les réactions au renvoi de Dati devant le tribunal correctionnel n’ont pas tardé à fuser, particulièrement du côté gauche de l’échiquier politique, où les appels à la démission se multiplient.
Le député socialiste Arthur Delaporte appelle sans détour au départ de la ministre : “Rachida Dati doit démissionner du gouvernement”. Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris et adversaire de Dati pour les municipales de 2026, enfonce le clou : “Paris mérite un maire, pas un prévenu”. Même son de cloche chez Pierre-Yves Bournazel (Horizons), lui aussi candidat à la mairie : “Pour préserver l’intégrité du gouvernement et de la fonction ministérielle, Mme Dati devrait se retirer”.
Soutien discret et isolement politique
À droite, où Rachida Dati est censée pouvoir compter sur sa famille politique, le soutien se fait discret, voire incertain. Certains cadres des Républicains s’interrogent ouvertement sur la pertinence de maintenir sa candidature à Paris.
Chez les macronistes, le silence domine. Aucun soutien officiel émanant du camp présidentiel n’est venu conforter la ministre, mis à part une déclaration prudente d’un conseiller d’Emmanuel Macron. “Un renvoi en correctionnelle ne vaut pas condamnation. Elle poursuit son travail”.
À noter toutefois un soutien notable : celui de Gérald Darmanin, ministre de la Justice, qui a défendu sa collègue au journal de 20h sur TF1. “Rachida Dati est une grande ministre de la Culture, une figure politique majeure. Laissons la justice suivre son cours”, a-t-il dit.
Une situation politique délicate
Malgré son maintien dans le gouvernement, cette affaire fragilise clairement Rachida Dati. Au-delà de son avenir ministériel, ses autres ambitions politiques se retrouvent également menacées. Elle est actuellement engagée dans un bras de fer avec Michel Barnier pour obtenir l’investiture LR dans une législative partielle à Paris. Parallèlement, elle défend une réforme controversée de l’audiovisuel public, un dossier déjà sensible qui risque de devenir plus explosif dans le contexte actuel.
Des précédents qui interrogent
Ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement fait face à des poursuites judiciaires, mais les réactions divergent souvent selon les personnalités et les contextes politiques. Là où certains ont choisi de se retirer, d’autres ont continué à exercer leurs fonctions jusqu’à une éventuelle condamnation ou relaxe. Rachida Dati, pour sa part, entend se battre sur tous les fronts, convaincue que sa légitimité politique ne saurait être remise en cause avant une décision définitive de justice.
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