Les débats ont été houleux d’autant qu’une manifestation organisée par la droite strasbourgeoise avait lieu sous les fenêtres du Centre administratif, avec le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), le Consistoire israélite du Bas-Rhin et le Fonds social juif unifié (FSJU). A quelques mètres, se tenait une contre-manifestation avec des militants pro-palestiniens.
Après une heure trente de débats riches en invectives, le conseil municipal de Strasbourg a voté en faveur du jumelage avec le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, situé près de Bethléem. Les socialistes se sont abstenus, et la droite a voté contre. Le jumelage a été voté par la majorité écologiste-communiste de la Ville.
Une subvention à Gaza de 25 000€ et le renforcement de la coopération avec la ville de Bethléem ont, eux, été votés à l’unanimité.
Un jumelage avec un camp de réfugiés en Cisjordanie
“La concrétisation d’un jumelage avec le camp d’Aïda, c’est un geste symbolique qui permet de construire des ponts avec le peuple palestinien dans la perspective de la création d’un Etat de Palestine aux côtés d’Israël”, a souligné la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Ecologistes).
Ce projet de jumelage, a été dénoncé et critiqué pendant plusieurs semaines par le CRIF local et par la communauté juive de Strasbourg très pro-Netanyahu et qui est la seconde plus importante communauté juive de France. La majorité de gauche de la Ville de Strasbourg a été accusée d’anti-sémitisme.
Lors de la visite d’une délégation palestinienne en mai dernier, un keffieh et une carte de la Palestine historique ont été offerts à la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. L’élue a posé pour une photo avec la carte de la Palestine. Il n’en a pas fallu plus pour que l’édile soit accusée de nier l’existence d’Israël puisque l’Etat juif n'apparaît pas dans la carte historique de la Palestine.
Lundi, le premier adjoint Syamak Agha Babaei a répondu à ces accusations. Elles ne visent selon lui qu’à “invisibiliser un vêtement traditionnel et réécrire l’histoire de cette région”. Jeanne Barseghian a dû rappeler qu’elle était en faveur de la solution à deux États pour la paix au Proche-Orient et en a profité pour préciser pourquoi Strasbourg a choisi un camp de réfugiés plutôt que Bethléem pour un jumelage en Palestine : “Le ministère des Affaires étrangères recommande pour la Palestine de nouer des relations avec des camps de réfugiés. La ville de Bethléem dispose déjà de plus de 500 jumelages de par le monde. Par ailleurs, le jumelage avec Ramat Gan continue, il est gelé pour des raisons liées à l’état de guerre en Israël”.
Le jumelage avec Ramat Gan situé dans la banlieue de Tel Aviv a été suspendu, fin mai, à cause de la guerre génocidaire à Gaza. La maire de Strasbourg s’est à nouveau expliquée sur cette décision lundi. “En aucun cas je ne souhaite rompre ces liens forts avec Ramat Gan ni ce jumelage. Le but, c’est que cette porte puisse se rouvrir (...) quand les armes se tairont, je l’espère le plus vite possible », a-t-elle expliqué. Le jumelage entre Strasbourg et Ramat Gan existe depuis trente ans.
Un geste qui fait réagir au niveau national et même de l’autre côté de l’Atlantique. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a suspendu ses partenariats avec la ville de Strasbourg. La ville de Boston s’apprête, elle, à débattre le 25 juin d’une suspension de son jumelage avec Strasbourg en réponse au gel du partenariat avec Ramat Gan.