FRANCE
3 min de lecture
Non-lieu pour Agathe Habyarimana, l'ex-première dame rwandaise
Pour les juges d'instruction parisiennes, il n'existe pas de charge suffisante pour poursuivre Agathe Habyarimana pour le génocide des Tutsi en 1994. Celle qu’on a présentée comme l’une des organisatrices du génocide sera-t-elle inculpée un jour ?
Non-lieu pour Agathe Habyarimana, l'ex-première dame rwandaise
Agathe Habyarimana, veuve de l'ancien président du Rwanda / AFP
il y a 10 heures

C’est le dernier épisode d’un bras de fer entre juges français. Le parquet national antiterroriste (Pnat) avec son aile crime contre l’Humanité souhaite voir l’épouse de l’ancien président rwandais poursuivie mais selon l'ordonnance de non-lieu datée de mercredi, les juges estiment qu'il "n'existe pas de charges suffisantes contre Agathe Kanziga (Habyarimana) qu'elle ait pu être complice d'acte de génocide" ou pu "participer à une entente en vue de commettre le génocide".

Agathe Habyrimana a pourtant été baptisée la “veuve noire” et a été présentée comme l’une des organisatrices du génocide qui a fait 800 000 morts au Rwanda. "A ce jour, Agathe Kanziga apparaît non comme auteure de génocide, mais bien comme une victime de (l')attentat terroriste" dans lequel ont été tués son mari, son frère et des proches, ajoutent-les juges.

L’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion présidentiel a été suivi par des massacres contre la minorité tutsi. Agathe Habyarimana est visée depuis 2008 par une enquête en France pour complicité de génocide et de crimes contre l'humanité, ouverte après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Ce dernier assure jeudi qu'il fera sans doute également appel contre cette ordonnance de non-lieu".

En RelationTRT Global - Le Rwanda commémore le 31e anniversaire du génocide

Investigations bouclées en 2022

Depuis 2022, le parquet antiterroriste demande de nouvelles investigations puis a saisi la chambre de l'instruction en 2024 après la fin de l’enquête. Mi-mai 2025, les juges d'instruction ont rendu une ordonnance expliquant les raisons pour lesquelles cette mise en examen n'était pas justifiée, le Pnat a alors déposé un recours qui n’a pas encore été étudié. Les deux institutions ne sont pas d’accord mais l’eventualité d’un procès semble s’éloigner.

Selon les associations parties civiles, Mme Habyarimana était l'une des dirigeantes de l'"akazu" - le premier cercle du pouvoir hutu qui aurait orchestré le génocide -, ce qu'elle réfute. 

La famille Habyarimana a été exfiltrée par la France 

Me Emmanuel Daoud, également avocat de la FIDH (la Fédération internationale pour les droits humains), estime que "l'implication" de Mme Habyarimana "dans la préparation du plan génocidaire" ainsi que "ses prises de parole après le meurtre de son mari auraient "dû conduire les juges d'instruction à la renvoyer devant la cour d'assises".

Devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a poursuivi les responsables du génocide en Afrique, des témoins qui étaient au palais présidentiel après la mort du président, ont assuré qu’ Agathe Habyarimana dictait au téléphone les noms d’opposants à éliminer. Elle aurait avec nombre de ses proches créé des mois avant le génocide, un groupe extrémiste l’Akazu, “la petite maison” qui préparait l’extermination des Tutsis.

Agathe Habyarimana a été exfiltrée en Europe avec sa famille le 9 avril 1994, à la demande du président François Mitterrand, proche de son mari. Le Rwanda a demandé son extradition mais la France a refusé sans toutefois lui accorder l'asile.

SOURCE:TRT français et agences
Jetez un coup d'œil sur TRT Global. Partagez vos retours !
Contact us