Ils étaient déjà là bien avant l’aube. Des milliers de silhouettes se sont rassemblées dans la pénombre, drapeaux palestiniens à la main, visages tendus d’émotion et de détermination. Ce dimanche 9 juin, à 4h du matin, des milliers de participants à la caravane de la résilience se sont donné rendez-vous dans la capitale tunisienne pour répondre à un même appel : celui de la caravane de la résilience qui se dirige vers le poste-frontière de Rafah, pour réclamer la fin du siège imposé à Gaza.
Venus seuls, en groupe ou en famille, ils se sont retrouvés entourés de visages, connus ou inconnus, tous unis par une même détermination. Certains étaient là pour dire au revoir à leurs proches avant le départ, d’autres pour leur apporter un soutien précieux. Un élan de solidarité qui s’est répété à chaque étape de la caravane, jusqu’à la traversée de la Libye prévue dans la nuit.
Peu avant 7h, la caravane s’est ébranlée. Les participants, dont plusieurs sont venus d’Algérie et du nord du pays la veille, ont pris la route avec un seul cap : la frontière de Rafah. Parmi eux, Nourelhouda, la soixantaine, militante associative tunisienne, a confié : “Je ne savais plus quoi faire. J’étais impuissante. Cette caravane, c’est le moins qu’on puisse faire pour Gaza.”
Les participants à cette caravane appartiennent à divers horizons mais sont déterminés : militants de longue date, bien sûr, mais aussi médecins, étudiants, avocats, enseignants, chômeurs, retraités, et beaucoup de citoyens sans appartenance politique particulière, simplement mûs par une cause qu’ils estiment juste.
Portée par la société civile, cette initiative citoyenne dépasse les appartenances partisanes : elle incarne un engagement spontané, populaire et transfrontalier, né de l’indignation face au drame humanitaire à Gaza.
La caravane traverse le pays, passant par Sousse, avant de marquer une pause déjeuner à Sfax, en milieu de journée. Elle y a été accueillie comme une procession populaire. Sur l’aire de la station-service d’Agareb, le long de l’autoroute, des familles entières ont acclamé les bus, les voitures et les motos qui défilaient. Un groupe musical local a animé l’accueil en interprétant des chants palestiniens traditionnels, repris en chœur par les participants. Des larmes ont coulé sur certains visages, tandis que d’autres ont entonné des chants, mêlant émotion et résistance.
Habiba, 73 ans, une autre anonyme parmi les personnes présentes explique : “Je suis ici pour soutenir la caravane parce que je veux les rejoindre, mais je ne peux pas. Alors je fais quelques pas avec eux”.
Les participants de la région rejoignent la caravane à cette étape. Celle-ci a depuis dépassé Gabès, et traverse actuellement le sud tunisien, marquant des arrêts dans les grandes villes. Le passage de la frontière libyenne est prévu dans la nuit, avant une halte sur le territoire libyen, puis la reprise de la route vers l’Égypte.
L’arrivée au Caire est prévue pour le 12 juin, où les participants seront rejoints par des militants égyptiens ainsi que par des délégations venues en avion du monde entier.
Le chemin est encore long, incertain, semé d’obstacles diplomatiques et logistiques. Mais l’élan, lui, est déjà historique.
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