AFRIQUE
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La rupture entre la CEDEAO et l’AES entre dans sa phase finale
La CEDEAO n’a pas convaincu les pays de l’AES à demeurer dans l’organisation. Le divorce se poursuit en douceur.
La rupture entre la CEDEAO et l’AES entre dans sa phase finale
Les chefs d'État Assimi Goita, le général Abdourahamane Tiani , le capitaine Ibrahim Traoré, à Niamey, au Niger, le 6 juillet 2024. / REUTERS
30 juillet 2025

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont cessé officiellement d'être membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) à compter du 29 juillet 2025, comme l’avait déclaré en décembre dernier, Omar Alieu Touray, président de la commission de la Cédéao.

Les Présidents du Togo et du du Sénégal, dont le mandat pour poursuivre la médiation afin de ramener les trois pays membres au sein de la Cédéao a été prorogé, n'ont donc pas réussi leur mission. 

Les trois pays, qui reprochent à la Cédéao de ne plus répondre aux aspirations de leurs peuples, ont mis en place, le 6 juillet dernier, une nouvelle coalition baptisée "Confédération de l'alliance des États du Sahel".

“Tout en rappelant la décision irréversible des Etats de la Confédération de retrait de la Cédéao, les ministres s’engagent (…) à poursuivre les réflexions visant à convenir des modalités de sortie dans l’intérêt des populations de la Confédération”,  avaient déclaré les ministres des Affaires étrangères en décembre dernier à Niamey.

Suite des négociations

Entretemps, les négociations se sont poursuivies entre l’organisation panafricaine et les trois États de l’AES pour une sortie harmonieuse du bloc régional. En mai dernier, une première phase de consultations a réuni à Bamako les ministres malien, nigérien et burkinabè des Affaires étrangères et le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray.

La libre circulation des personnes et des biens dans 15 pays d’une population globale de 353,66 millions d’habitants est un acquis que les deux parties tiennent à cœur. D'emblée, les pays de l’AES se disent favorables à la libre circulation dans leur espace des citoyens d’Afrique de l’Ouest. Les négociations s’annoncent longues d’autant plus qu’il faudra régler les questions comme la circulation des biens, les investissements, la tarification douanière, etc. 

Du reste, le nouveau passeport biométrique commun au Mali, au Burkina Faso et au Niger est déjà effectif. La Carte d'identité biométrique AES sera bientôt mise en circulation, d'après le ministre malien de la Sécurité et de la Protection civile, Daoud Aly Mohammedine.

La poursuite de la coopération dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l'Éducation, la culture et du sport entre autres devrait aussi être sur la table des négociations. 

La question de la monnaie est un réel défi. Les Etats de l’AES utilisent encore le franc CFA et demeurent par conséquent membres de l’UEMOA (l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest). A terme, ces pays ne cachent pas leur volonté de s’affranchir du France CFA en se dotant de leur propre monnaie.

“La monnaie, c’est un signe de souveraineté”, et les Etats de l’AES sont “engagés dans un processus de recouvrement de [leur] souveraineté totale”, a déclaré le 12 février dernier à la télévision nationale le général nigérien Abdourahamane Tiani, le chef de l’Etat nigerien, assurant : “Il n’est plus question que nos Etats soient la vache à lait de la France.”

Pour le moment, ces pays sahéliens accélèrent la mise en place de la Banque confédérale d'investissement et de Développement (BCID-AES).

Visiblement, la rupture harmonieuse entre CEDEAO et AES devrait encore prendre du temps, alors que les fonctionnaires maliens, nigériens et burkinabè qui ont été officiellement licenciés devront quitter leur poste au plus tard le 30 septembre.

La rupture avec la Cédéao s’est faite après le coup d’Etat au Niger, en juillet 2023, le sixième dans la région en trois ans – deux au Mali, deux au Burkina Faso et un en Guinée. L’organisation ouest-africaine avait menacé d’intervenir militairement et imposé à Niamey de lourdes sanctions économiques, levées depuis.

Lire aussi: Sahel: Trump veut renouer avec les pays de l’AES



SOURCE:TRT Français
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