Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, Mohammed Bin Abdoulrahman Bin Jassim Al Thani, a condamné un “terrorisme d’État”, “une agression inacceptable et une violation flagrante du droit international”.
Il a à ce titre rappelé que Doha joue depuis des années un rôle clé dans les tentatives de médiation. “Le Qatar ne permettra pas que son territoire soit transformé en champ de bataille au service des agendas militaires israéliens”, a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à réagir face à ce mépris des règles diplomatiques.
Tollé international
Pour de nombreux pays et instances internationales qui ont dénoncé cette attaque, il s’agit là d’escalade grave et d’atteinte directe aux efforts de paix.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a qualifié l’attaque de “violation flagrante de la souveraineté” qatarie et a exhorté Israël à respecter le droit international.
Le Quai d’Orsay a publié un communiqué dénonçant une “violation préoccupante de la souveraineté du Qatar”. Paris a réaffirmé “son attachement au respect du droit international” et exhorté Israël à “la retenue”, tout en réitérant son soutien au rôle médiateur du Qatar dans la crise de Gaza.
Madrid, par la voix de son Premier ministre Pedro Sánchez, a adopté une position plus ferme. “Ce qui s’est passé à Doha est inacceptable”, a-t-il déclaré, accusant Israël de “mettre en péril toute chance de solution politique”. L’Espagne, déjà très critique vis-à-vis de Tel-Aviv, plaide pour une réaction européenne plus unie.
La Finlande et la Norvège ont publié des communiqués conjoints condamnant l’attaque. Helsinki a parlé d’une “violation flagrante du droit international”, tandis qu’Oslo, impliqué dans plusieurs tentatives de médiation par le passé, a mis en garde contre “une perte totale de confiance dans le processus diplomatique”.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé l’attaque israélienne contre une équipe de négociation au Qatar, la qualifiant d’”inacceptable”. L’Union européenne a également condamné cette frappe, la considérant comme une atteinte à l’intégrité territoriale du Qatar qui risque de provoquer une nouvelle escalade. “Toute escalade de la guerre à Gaza doit être évitée — elle n’est dans l’intérêt de personne. Nous continuerons de soutenir tous les efforts en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza”, a déclaré le bloc dans un communiqué.
La Slovénie, l’Italie, la Bosnie-Herzégovine, la Belgique ont émis des condamnations similaires, exprimant leur solidarité avec Doha et soulignant la nécessité de respecter le droit international.
Le Canada a pour sa part condamné “une attaque inacceptable sur le territoire d’un État souverain”, tandis que l’Australie a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv pour consultations. Deux gestes qui témoignent de l’embarras croissant des alliés occidentaux face aux choix militaires israéliens.
Le Japon a “fortement” condamné l’attaque, avertissant qu’elle met en danger la stabilité régionale.
“À un moment où des efforts diplomatiques sérieux sont en cours par des pays, dont le Qatar, pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et obtenir la libération des otages, l’attaque d’Israël entrave ces efforts, menace la souveraineté et la sécurité du Qatar et met en danger la stabilité régionale”, s’est indigné le secrétaire en chef du Cabinet, Yoshimasa Hayashi, cité par l’agence Kyodonews.
La colère du monde arabe
La Jordanie a convoqué l’ambassadeur d’Israël à Amman pour protester, dénonçant une “escalade inacceptable qui menace la stabilité régionale”. L’Arabie saoudite a condamné “une agression contre un pays frère”, rappelant que le Qatar jouait un rôle essentiel dans les discussions pour un cessez-le-feu.
Le Maroc, de son côté, a exprimé sa “profonde inquiétude” et dénoncé une “atteinte grave à la souveraineté d’un État arabe”, tout en appelant la communauté internationale à “assumer ses responsabilités face à la dérive israélienne”.
L'Algérie a, pour sa part, fermement condamné l'attaque israélienne soulignant son caractère “brutal” et “injustifié”.
Washington embarrassé
Aux États-Unis, Donald Trump a réagi avec retenue, affirmant qu’il n’était “pas ravi” de l’opération, mais sans condamner Israël. Cette déclaration ambiguë illustre le dilemme américain: préserver le soutien indéfectible à Tel-Aviv tout en ménageant le Qatar, allié incontournable dans les médiations régionales et hôte de la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient.
De son côté, le Département d’État a publié un communiqué plus mesuré, appelant à “éviter toute escalade” et à “respecter la souveraineté des partenaires régionaux”. Une position perçue comme une tentative de désamorcer la crise sans froisser Israël.
Processus de paix fragilisé
Cette attaque risque d’enterrer toute perspective de cessez-le-feu à Gaza. Pour les Palestiniens, elle symbolise une fois de plus la volonté israélienne de réduire au silence toute voie diplomatique, et le silence complice de certains dirigeants occidentaux ne fait qu’aggraver leur isolement.
Face à l’ampleur de la crise, une session urgente du Conseil de sécurité de l’ONU a été convoquée. Plusieurs membres y ont demandé des sanctions et un rappel ferme au respect de la souveraineté des États.