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Le pétrole algérien sous pression, entre désirs d’export et besoins internes
La production algérienne en hydrocarbures est à la baisse. L’Algérie vient d’allouer à cinq investisseurs étrangers des champs à forer pour relancer sa production face à une demande européenne croissante.
Le pétrole algérien sous pression, entre désirs d’export et besoins internes
Complexe pétrolier en Algérie à Hassi Messaoud (Ouargla) / Getty Images
il y a un jour

Alger fait face à une baisse de production dans son secteur clé des hydrocarbures  qui représente environ 95% de ses exportations, selon la Banque mondiale. 

La production nationale d’hydrocarbures a enregistré une baisse de 3,3 % au premier trimestre 2025, selon les chiffres publiés par l’Office national des statistiques. Le recul est encore plus marqué pour le gaz naturel, dont la production a chuté de 17,5 % sur la même période. Cette tendance baissière, amorcée dès le deuxième trimestre 2024, semble désormais s’installer durablement. En moyenne, la production d’hydrocarbures en Algérie a reculé de 8 % sur les douze derniers mois.

Face à ce déclin confirmé, l’Algérie a octroyé à cinq firmes étrangères des permis d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures dans le cadre d’un appel d’offres pour cinq lots mi-juin, le premier depuis dix ans. Plusieurs de ces lots concernent des gisements de gaz. 

TotalEnergies exploitera la zone d’Ahara dans le sud algérien avec Qatar Energy  qui a obtenu pour la première fois une licence sur le territoire algérien. On trouve aussi la compagnie italienne ENI qui s’est vu attribuer un lot dans le gouvernorat d’Adrar. Un troisième permis a été remporté par le groupe chinois ZPEC. La signature des contrats devrait intervenir “au plus tard le 30 juillet prochain, en fonction de l’avancement des négociations entre les sociétés retenues et le groupe public”, a précisé le président de l’Alnaf (l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures), Mourad Beldjehem. 

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La méfiance persiste chez les investisseurs 

Ehsan Al-Haq, économiste et analyste du secteur pétrolier, salue les efforts déployés par l’Algérie pour attirer les investissements étrangers dans le domaine des hydrocarbures. Il note que cinq compagnies ont répondu au dernier appel d’offres — un signe, selon lui, que “les choses commencent à bouger en Algérie”. Toutefois, il nuance rapidement : “il n’y avait qu’une seule offre par lot, ce qui reste très limité”.

Il attribue le manque d’enthousiasme des majors du pétrole aux difficultés rencontrées pour attirer des investisseurs étrangers depuis la nouvelle loi sur le pétrole de 2019. 

Si celle-ci ouvre le secteur des hydrocarbures à la concurrence en prévoyant des appels d'offres, elle oblige les compagnies étrangères qui financent la prospection et la mise en place du forage à partager la production avec Sonatrach (compagnie nationale algérienne) à hauteur de 51%. “Cette condition rebute notamment les majors américaines du secteur même si les conditions de sécurité sont bien meilleures en Algérie aujourd’hui”, estime Ehsan Al-Haq.

Il ajoute que l’Algérie doit aussi investir dans ses puits existants pour améliorer les performances de pompage et réutiliser le gaz brûlé des torchères. 

L’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) envisage de lancer un nouveau cycle de licences pour l’exploration du pétrole et du gaz en Algérie. Ce deuxième cycle devrait se tenir soit au quatrième trimestre de 2025, soit au premier trimestre de 2026.  L’Algérie compte relancer d’ici 2028 sa production en organisant cinq cycles d’appels d’offres internationaux pour l’attribution de licences d’exploitation pour un total de 17 lots.

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Le pétrole algérien reluqué par l’Europe

Les efforts et les investissements menés par l’Algérie doivent permettre également de répondre à une demande intérieure croissante. 

La consommation intérieure qui représente environ 54% de la production nationale comptera pour 80% du total de la production en 2030 (ministère algérien de l’Énergie et des Mines, 11 mars 2024).

La logique est simple: si l'Algérie veut continuer à maintenir son volume d’exportation, elle doit augmenter sa production, d’autant que des clients européens se pressent à sa porte comme l’Italie qui, en juillet 2022, avait signé plusieurs contrats afin qu’Alger fournisse davantage d’hydrocarbures à Rome. Il faut noter l’arrivée d’un nouveau venu, le Royaume-Uni devenu, en mai 2025, le premier importateur de pétrole brut algérien, avec 120 000 barils par jour. 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Europe  essaie de s’éloigner de son fournisseur russe. L’Algérie fournit à l’Europe surtout du gaz naturel via deux gazoducs la reliant à l’Espagne et l’Italie. En octobre 2024, le pays est devenu le premier fournisseur de l’Europe en gaz soit 21 % des importations de l’UE.

En avril 2025, les exportations du brut algérien ont bondi à 492 000 barils par jour,  soit leur plus haut niveau mensuel depuis octobre 2022. L’Algérie devrait produire 11 000 barils de brut supplémentaire d’ici septembre dans le cadre de la relance de production décidée par l’OPEP.

SOURCE:TRT Français
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