FRANCE
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39% des Français favorables à un Premier ministre apolitique en cas de départ de François Bayrou
En cas d’échec du vote de confiance, Bayrou serait contraint de démissionner, entraînant la chute de l’ensemble de son gouvernement.
39% des Français favorables à un Premier ministre apolitique en cas de départ de François Bayrou
Le Premier ministre français Bayrou présente les principaux éléments de son budget 2026 / Reuters
il y a 20 heures

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié le 30 août, près de 40% des Français se disent favorables à la nomination d’un Premier ministre apolitique – c’est-à-dire sans appartenance partisane, issu de la société civile ou du monde économique – si François Bayrou devait quitter Matignon.

Le Premier ministre joue une partie cruciale de son avenir politique : il a sollicité un vote de confiance à l’Assemblée nationale, prévu le 8 septembre. En cas d’échec, il serait contraint de démissionner, entraînant la chute de l’ensemble de son gouvernement. Le président Emmanuel Macron devrait alors désigner un successeur capable de rassembler une majorité ou, du moins, de maintenir la stabilité institutionnelle.

Cette situation s’inscrit dans un climat de forte instabilité politique, hérité de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale en juin 2024, qui a laissé le pays sans majorité claire et a accentué la fragmentation du paysage parlementaire.

Clivages partisans traditionnels

Le chiffre de 39% traduit une aspiration croissante des Français à sortir des clivages partisans traditionnels. L’idée d’un Premier ministre “apolitique” avait déjà séduit 41% des sondés en décembre 2024, mais elle se maintient aujourd’hui dans un contexte où les partis peinent à convaincre.

Cette demande d’une personnalité issue de la société civile reflète une crise de confiance vis-à-vis des formations politiques, mais aussi une volonté de voir émerger un profil perçu comme pragmatique, gestionnaire et éloigné des querelles idéologiques.

RN et gauche au coude-à-coude

Derrière cette option “hors système”, les Français se partagent entre les grandes forces politiques. Le Rassemblement national (24%) devance légèrement la gauche (21%), marquant une inversion de tendance par rapport à décembre 2024, où la gauche était en tête. La droite classique, affaiblie, ne recueille plus que 10% des intentions, tandis que le camp présidentiel chute à 6%, confirmant sa marginalisation dans l’opinion publique.

Ce rééquilibrage traduit la montée en puissance du RN, qui parvient à capitaliser sur la défiance généralisée et sur le rejet de la majorité présidentielle.

Interrogés sur les causes de la crise politique actuelle, 45% des Français considèrent que l’ensemble de la classe politique en porte la responsabilité. Emmanuel Macron est cité plus particulièrement par 32% des sondés, en raison de sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin dernier, un choix jugé risqué et déstabilisateur.

François Bayrou lui-même n’est désigné comme principal responsable que par 10% des répondants. Les partis de gauche recueillent 7% des accusations et le RN 5%, ce qui souligne que, pour une large partie des Français, c’est le système politique dans son ensemble qui est remis en cause.

Une crise politique profonde

Ces résultats traduisent une crise politique plus large : désaveu des partis, perte de confiance envers les institutions et montée du désir de figures “indépendantes”. Le sondage illustre un paradoxe : si les Français aspirent à un Premier ministre apolitique, la Ve République repose pourtant sur une logique de majorité parlementaire, difficilement compatible avec un profil totalement “hors système”.

Cette contradiction révèle l’ampleur de la fracture entre la société et ses représentants, à l’approche d’un vote de confiance qui pourrait précipiter la France dans une nouvelle séquence d’incertitude politique.

SOURCE:TRT français et agences
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